Tarantino, un homme surestimé

Tarantino n’est pas un réalisateur important. C’était déjà une évidence avant Django Unchained qui ne fait que confirmer une tendance qui dure depuis Kill Bill (2003). Alors que le jeune Tarantino avait eu la bonne idée de se limiter à un genre particulier (le film de gangster), le Tarantino des années 2000 cherche à se diversifier. Malheureusement, cette tentative a une conséquence terrible : elle met en lumière ses lacunes profondes. Car Tarantino n’a pas de vision du monde. Il est par excellence le cinéaste de l’hommage, de l’anecdote, du melting pot et non de la création. Il ne possède pas de véritable dimension artistique dans la mesure où il ne s’inscrit pas dans une logique d’invention. Tarantino radote confusément. S’il s’est toujours défini comme un cinéaste-cinéphile – sa connaissance encyclopédique confine à la pathologie – plus il vieillit, moins l’association est équilibrée. Son œuvre ressemble de plus en plus à un collage maladroit et enfantin. Le défi que Tarantino s’est fixé : intégrer un maximum de références dans une œuvre. Résultat, ça déborde et ça coule.

C’était mieux avant

tarantinoLa question que l’on peut se poser est la suivante : A qui Tarantino veut-il vraiment faire plaisir ? A lui-même ou au spectateur ? Cette hypertrophie cinéphilique qui caractérise aujourd’hui son cinéma s’accompagne d’une nouvelle et regrettable posture idéologique. Alors que le Tarantino de Pulp Fiction avait quelque chose de nihiliste ou, du moins, d’amoral, le nouveau se veut engagé. Or, son mode d’expression s’adapte très mal à ses nouvelles marottes. Les faux bons dialogues, qui suffisaient à animer ses premiers films, révèlent à présent leur vide abyssal. Tarantino affectionne les punchlines mais peut difficilement transmettre un message. Qui n’était pas sceptique en sortant d’Inglourious Basterds ? Ensuite, sa nouvelle esthétique grasse, ses hommages intempestifs et sa fascination suintante pour le grindhouse l’éloignent de plus en plus de la classe incontestable de ses premières réalisations. Le visuel tarantinesque n’est plus qu’une succession de clichés certes assumés mais d’une lourdeur sans nom. Ce qui sauve aujourd’hui les films de Tarantino, ce sont ses acteurs. Le bougre a les moyens de travailler avec des gens de talents (Christophe Waltz, Leonardo DiCaprio, Samuel L. Jackson, Michael Fassbender). Et si certaines scènes rappellent que l’homme est plutôt doué (l’ouverture et la scène de la taverne dans Inglourious Basterds, l’ouverture et la scène de la poignée de main dans Django Unchained), on attend toujours qu’il  refasse un film bon du début à la fin.

M.