« Et tout le reste est littérature. » Ce vers de Verlaine qui signifie, dans le langage courant, « Et tout le reste est sans importance » constitue la parfaite antithèse du projet défendu par PHILITT. À nos yeux, la littérature est tout sauf anecdotique. La littérature est même essentielle car elle est un moyen de nourrir les âmes. Il y a plus dans un roman de Balzac ou de Dostoïevski que dans toute la production sociologique ou psychologique dont notre époque se gargarise. Un grand écrivain propose une vision du monde totale et échappe, par conséquent, à la « barbarie de la spécialisation » dont parlait Ortega y Gasset. Il n’y a que l’arrogance de l’esprit moderne, qui est un « esprit » dégradé et appauvri, pour ne pas comprendre ce que la littérature peut apporter. L’entreprise de PHILITT est d’abord littéraire et philosophique. Elle est aussi, si l’on veut, esthétique, mais encore faut-il s’entendre sur le sens de ce mot. Nous ne sommes pas des esthètes, des dandys creux qui font la promotion de l’art pour l’art. Le Beau ne nous intéresse que dans la mesure où il fait signe, que dans la mesure où il renvoie vers une transcendance. Le Beau n’est beau que s’il est aussi bon et vrai. C’est le kalos kagahtos des Grecs.
PHILITT se définit également comme une revue antimoderne. Ce qui implique que nous ne sommes ni « conservateurs » ni « réactionnaires » ni « traditionalistes », bien que nous ayons de l’admiration pour nombre de représentants de ces courants de pensée. Respectivement : Burke, Maistre, Guénon. Nous ne sommes pas non plus « postmodernes » car nous avons parfaitement conscience d’être des modernes. Nous ne souhaitons pas un retour folklorique au passé ni pasticher l’ancien monde. Nous sommes donc antimodernes au sens où l’entend Antoine Compagnon, c’est-à-dire que nous sommes fatalement modernes tout en restant hostiles aux dérives de l’idéologie du progrès, le fameux « fanal obscur » dont parlait Baudelaire. Contre le matérialisme, nous valorisons la spiritualité. Contre l’individualisme, nous prônons les anciennes solidarités. Contre l’homme unidimensionnel, nous défendons l’idée d’une nature humaine plurielle. Nous pensons par ailleurs que, sans Dieu, l’homme se défait. Car, en dernière instance, l’argument dostoïevskien – « Si Dieu n’existe pas tout est permis » – est difficilement réfutable.
PHIILITT a pour ennemi les lieux communs, de quelque bord qu’ils soient. D’un côté, nous dénonçons le vieux conformisme « de gauche » hérité de Mai 68 qui qualifie de « fasciste » toute pensée un tant soit peu attachée à l’idée de nation ou sceptique sur les bienfaits du libéralisme. De l’autre, nous dénonçons le nouveau conformisme « de droite » qui, en même temps qu’il ironise sur l’antifascisme soixante-huitard, n’hésite pas à traiter la question de l’islam sur le mode du « fascislamisme » ou du « fascisme vert », montrant ainsi son inconséquence la plus totale. Plus que tout, PHILITT se méfie de l’esprit partisan et de ce que Péguy appelait la « pensée habituée ». Nous estimons qu’une pensée doit conserver son caractère organique, qu’elle doit sans cesse se renouveler , dépasser ses propres paradoxes pour échapper à l’écueil de la « solidification ». En d’autres termes, les sagesses du passé ne nous intéressent que dans la mesure où elles sont encore vivantes et contiennent quelque chose d’intemporel. Un intemporel que la modernité s’est fait une joie d’oublier.