Néo-féminisme : sacrifice de l’altérité sur l’autel de la modernité

Sous prétexte d’améliorer la condition de la femme, le néo-féminisme – pur produit de la modernité – réinvente le rapport entre les genres, sabote à coups de marteau piqueur la relation entre les sexes et plus largement la conception de l’altérité. Les féministes substituent le genre au sexe et expliquent que la domination est l’élément qui conditionne le rapport entre l’homme et la femme. Autopsie de ces nouvelles idioties populaires, que notre époque nous offre comme un cadeau dont on se serait bien passé.

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Sandrine Mazetier et Bertrand Delanoë

Sandrine Mazetier, vice-présidente de l’Assemblée nationale considère l’appellation « école maternelle » comme une insulte. Il faudrait l’arracher du dictionnaire et lui substituer un terme plus neutre, plus consensuel. L’Académie française n’a qu’à bien se tenir, Madame la présidente Mazetier est prête à charcuter notre langue. Pour promouvoir l’idéologie suicidaire, Sandrine et ses petites copines ont tout compris. Pour s’attaquer aux représentations, il n’est de vecteur plus puissant que celui de la langue. Pour dévitaliser le sens des mots, il est nécessaire de saccager l’héritage dont il est porteur.

De l’apologie de l’indifférenciation entre les genres à la promotion de son propre nombril – son sexe – le néo-féminisme se positionne comme outil privilégié de l’extension de la modernité. « La modernité tonitruante qui s’est donnée pour programme de mettre à bas tous les restes du monde ancien, se sert du féminisme, comme tout élément à l’origine authentiquement libérateur, pour imposer un ordre » écrit Natacha Polony dans L’homme est l’avenir de la femme.

Conséquence de cette logique progressiste, l’avènement récent de la plateforme participative « Macholand ». Son ambition : traumatiser l’être porteur de pénis afin qu’il cesse d’user de la très sexiste courtoisie, qu’il craigne une bonne fois pour toute de se retrouver jeté au pilori par une masse de bonnes femmes enragées. Terminé ! Abolition de l’esclavage ! L’animal ne se domestique plus, il est sauvage, libre ! « Tremblez Messieurs, la fin de l’aisselle imberbe est proche ! » peut-on lire sur certains sites tendances. C’est ainsi que la liberté se désintègre dans l’idiotie.

La liberté consiste désormais à jouir de l’absurde, à faire de son sexe un particularisme comme un autre, pour particulièrement emmerder les autres. Libre de mener l’ultime combat pour la pilosité assumée, de récupérer le flambeau de cette pauvre Olympe de Gouges pour revendiquer des « actions » comme celles proposées par Macholand, à savoir faire pression sur le service de publicité d’Ariel pour qu’il mette enfin en scène des hommes faisant la lessive. C’est un fait, les néo-féministes ont choisi leurs priorités, comme l’explique la journaliste Eugénie Bastié dans Le Figaro  « Si 75 000 femmes sont violées chaque année en France, ce n’est pas à cause du climat grandissant d’insécurité et de la multiplication des zones de non-droit, mais parce qu’il n’y a pas assez de femmes dans les conseils d’administration.  »

L’indifférencialisme comme déni de réalité

Judith Butler
Judith Butler

Le courant indifférencialiste perçoit la différence comme sociologiquement construite. Victime des diktats du patriarcat rigide et de la domination hétérosexuelle, la femme a dû devenir une femme (et l’homme on s’en fout). La nature n’est que culture et le genre se méprend de toute façon. Si les Judith Butler reines de la Queer Theory le disent, c’est que c’est vrai ! Alors pour déstructurer la société de demain, il faut s’acharner sur la société d’aujourd’hui, militer auprès d’un public jeune, très jeune, infiltrer l’école : Najat érigée en chef de file matraque son ABCD de l’égalité comme la nouvelle Bible, la réalisatrice Céline Sciamma milite pour le visionnage du film Tomboy en classe primaire. L’histoire de Laure se faisant passer pour Michael apprend LA TOLERANCE, l’AMOUR et l’OUVERTURE : on est fille ou garçon seulement par le regard que les autres portent sur nous. Les différences sont inventées en fait, c’est évident. Saint-Thomas s’est trompé, il ne faut croire que ce qu’on ne voit pas.

Reine de l’entreprise de sabotage, l’idéologie indifférentialiste veut détruire les fondements théoriques de l’altérité. Les différences deviennent des affabulations comme le sont ces rêves qui se confondent avec le réel. Madame Witting par exemple, pense que le sexe lui-même est une affabulation. La reine des reines du lesbianisme pense que le sexe est neutre, asexué ; elle pense que « c’est l’oppression qui crée le sexe, non l’inverse. »  Les catégories sexuelles d’Homme et de Femme doivent être détruites car elles poussent à l’oppression et à cet esclavage qu’est l’hétérosexualité. Sylviane Agacinski lui répond : « le lesbianisme […] transgresse l’obligation de désirer l’autre sexe et assume le désir de son propre sexe, reconnaît implicitement qu’il existe pour chacun un autre sexe et fait fond sur la dualité même qu’elle prétend contester. » Après avoir prouvé qu’il existe donc bel et bien des différences – notons le caractère folklorique de la nature du débat – j’aimerais demander à Madame Witting ce qu’il y a de si dégoûtant à avoir un sexe.

Le particularisme réclame ses droits

Outre les indifférencialistes, il y a un autre courant que l’on pourrait qualifier « d’ hyperdifférencialistes » ; parallèlement à celles qui boycottent les différences, il y a les déçues de leurs particularités. Certaines néo-féministes s’autoproclament démunies et jugent normal de bénéficier d’aides et d’exiger sans cesse davantage d’assistance. Au nom de toutes les femmes, elles disent « Salauds d’hommes ! », « Salauds d’hommes, faites de nous des ministres ! la parité ! »,  « Nous sommes des êtres faibles ! »,  « Envoyez-nous des pièces ! ». Comme si la féminité était un handicap fonctionnel qui entraînerait nécessairement un besoin d’assistance. Comme si la privation de pénis constituait un manque tel, qu’il fallait l’affubler de béquilles, canne et chaise roulante.

Le morceau de pénis en moins devient la racine de la misère, le chantre de l’infirmité. La question demeure : pourquoi ces féministes réduisent les femmes à cet état de faiblesse ? Pourtant, l’être châtré est à la fois la femme outragée et la guerrière amazone, il n’est pas condamné à se faire prendre par derrière sans broncher par un mari bedonnant. Ne pas lui reconnaître sa soif de réussite, sa capacité à foutre une bonne taloche, à imposer son salaire, c’est lui refuser implicitement son droit d’égalité. Réduire toutes ces possibilités à un impossible, c’est également une forme d’aliénation. Cette exigence d’égalité fait de la féminité un handicap comme les autres.

Les misandristes de la Salpêtrière

Une Femen en pleine action
Une Femen en pleine action

Lorsqu’on parle de féministes qui réclament de l’assistance, comment ne pas évoquer certaines pépites de notre époque ? « Le féminisme caricatural a toujours eu beaucoup de succès auprès des non-féministes », écrit Caroline Fourest dans Le Monde en 2008. Preuve que côtoyer amoureusement son propre sexe permet quelques fines analyses. Il est vrai que les féministes les plus populaires ne sont que des caricatures en marge des courants traditionnels, il est vrai aussi que l’on se plaît à les regarder. Ces courants dédaignent d’ailleurs ouvertement les courants classiques « Le féminisme classique est une vieille femme malade qui ne marche plus. Il est coincé dans le monde des conférences et des livres », décrète Inna Shevchenko dans une tribune pour The Guardian. Il est plus efficace de se foutre à poil, de s’exhiber, tonitruante et dégoulinante d’absurdité. Parce qu’elles crient plus fort, ce sont leurs voix qu’on entend le mieux. Quitte à perdre en substance tout message politique, autant en faire une pièce de boulevard.

Photographiées seins nus en positions sadomasochistes, les Femen scandent durant leurs spectacles : « Nos seins sont nos armes ! ». Traduction : « Nos seins sont nos seuls atouts ! » probablement en vue de l’édition prochaine d’un DVD porno. Ces filles se contorsionnent à l’image des hystériques de Breuer que Charcot offrait en spectacle à la Salpêtrière. La violence témoigne toujours d’une faiblesse extrême, peut-être que les pauvres filles ont été larguées trop de fois. Ainsi, ces néo-féministes comme les autres, témoignent de cette même incapacité à se saisir du concept d’égalité.

Historique de cette finalité hétéroagressive

Puisque tous ces courants perçoivent l’altérité exclusivement à travers un rapport de domination, ils sont tous générateurs de crispations et de souffrances. Apparentées à un complexe de féminité, ces néo-féministes s’associent à cet esprit revanchard, teigneux, à ce visage grimaçant que l’on connait aux esprits complexés. Planter ses crocs dans la chair de l’homme gras pour lui tordre la bouche devient évident.

Eric Zemmour, ce coquin
Eric Zemmour, ce coquin

Zemmour dissèque l’origine historique de cette haine dans Le premier sexe, en partant du postulat que la femme a déjà gagné. L’hyper-féminisation de la société serait la répercussion directe de ce désir de revanche agressif. Le sexe et l’âme flétris par la révolution des genres, les soixantuitardes du MLF auraient été minées par la solitude et la haine de l’homme. Revanchardes, elles auraient symboliquement castré leurs pauvres gosses. D’où ces nouvelles générations de métrosexuels, de tapettes imberbes, foulant le seuil de la quarantaine dans le lit maternel à chialer sur les pages d’Harlequin. Notre époque souffrirait donc d’un excès de féminité ; les mâles, d’un excès de tendresse ; le tout, d’une carence de testostérone. Rompus dès la racine, ces hommes auraient évolué en de sombres mauviettes dont la voix se serait peu à peu résignée au silence. La masculinité en rupture de stock, serait vouée à se diluer dans les valeurs féminines de tendresse, de passivité et d’impuissance. Bien entendu lui, Eric, serait de ces derniers éphèbes n’ayant jamais cuisiné, mettant les pieds sous la table en attendant le dîner. Je suis tentée de croire pourtant que lui aussi se fait martyriser par sa femme lorsqu’elle a ses règles ou lorsqu’il oublie de ranger ses chaussettes.