Docteur en sciences économiques, Renaud Vignes s’intéresse, depuis plusieurs années, à la place et à la valeur du temps dans l’économie contemporaine. Dans un récent ouvrage, paru chez R&N en septembre de cette année, L’accélération technocapitaliste du temps, il pousse, avec une très grande radicalité, sa réflexion sur le sujet.
PHILITT : À partir de Gary Becker et de Hartmut Rosa, vous posez le temps comme point de départ de votre réflexion économique et philosophique. En quoi cela continue-t-il, diffère-t-il ou rompt-il avec la notion de travail abstrait chez Marx ?
Renaud Vignes : Dans le prolongement de la proposition de David Ricardo, Marx pense que seul le travail est source de valeur. Dans son analyse, le travail produit deux types de valeur : la première est la valeur d’usage (que l’on peut apparenter à la valeur du travail incorporé dans le produit), la deuxième, la valeur d’échange, se retrouve dans le prix de vente du produit. C’est dans la différence entre ces deux valeurs que Marx introduit le concept de travail abstrait. Au-delà du concept (qui reste flou), ce qui nous intéresse ici, c’est que chez Marx cela ne concerne que les biens faisant l’objet d’un échange et non, par exemple, ce qu’on appelle le travail domestique. En cela, il est en opposition radicale avec l’analyse de Gary Becker sur laquelle je m’appuie dans ce livre. Alors que Marx ne voyait le temps que comme un facteur de production contribuant à l’échange marchand, Becker le conçoit comme un bien économique qui concoure à la satisfaction du consommateur.
Cela peut sembler trivial, non ?
Ce n’est pas mon point de vue. En plaçant l’allocation du temps au cœur du comportement de l’agent, Becker a ouvert une voie très prometteuse pour comprendre les comportements économiques et sociaux, mais aussi et surtout pour une économie politique en rupture avec le modèle des choix rationnels néo-classiques qui ne voient de la valeur que dans les activités marchandes et ignorent totalement toute autre contribution au progrès social, civique ou politique. Cette approche du temps économique constitue une rupture par rapport aux modèles économiques dominants (dans lesquels le temps est absent). Elle propose une nouvelle théorie de la consommation en fournissant la base d’une théorie de l’allocation optimale du temps. Dès lors que, à la suite de Becker, nous admettons que le temps est « un input » qui, au même titre que n’importe quel autre bien participe à la « production » de satisfaction, nous devons admettre l’idée de la substituabilité entre temps et dépense. Nous voyons ici que nous sommes très loin de la conception limitée du temps au simple facteur de production de bien marchands qui se retrouve dans le concept de temps abstrait. Dorénavant, selon le principe des courbes d’indifférence cher aux économistes, notre agent économique aura le choix entre acheter plus de biens ou utiliser plus de temps pour obtenir une même satisfaction en fonction des prix relatifs des biens et du temps. C’est ici que Becker aura été le plus visionnaire car, dès les années 1960 il imaginait que notre temps deviendrait rare et que, en conséquence, son prix allait augmenter. De mon point de vue, il a ainsi parfaitement décrit l’une des conséquences de ce que j’appelle l’accélération technocapitaliste : l’augmentation du prix du temps va entraîner un déplacement des productions à base de temps vers des productions à base de dépenses. Si l’on observe nos comportements de consommation, la plupart des produits et services que nous consommons aujourd’hui, notamment nombre d’objets que l’on considère a priori comme des gadgets, correspondent à une politique d’économie de temps. Le monde technocapitaliste est un monde d’hyper consommation qui s’explique non plus par l’apparition de besoins réellement nouveaux, mais bien plutôt par notre préférence à la dépense plutôt qu’au temps. Une autre conséquence majeure de cette accélération technocapitaliste est que le temps, devenant une ressource toujours plus rare, se transforme en un actif dont les entreprises vont chercher à s’emparer. Cette captation du temps que nous ressentons tous est l’une des causes de la grande transformation anthropologique à laquelle nous assistons : le remplacement d’homo œconomicus par un homme capable d’accepter nombre de limitations à sa liberté en échange de toujours plus de consommation, c’est cet homme que nous appelons homo festivus numericus. Comme les chimistes des cigarettiers étaient payés pour rendre les fumeurs de plus en plus dépendants, des milliers de chercheurs et d’ingénieurs le sont pour capter notre attention, pour transformer notre temps en un actif valorisable. Ainsi, à côté du marché des données, se crée le nouveau marché du temps.
Une déformation sociale du temps, en quelque sorte ?
Oui, et elle me fait toujours penser à la lettre que Camus écrivit à son instituteur Monsieur Germain, le lendemain de sa désignation comme lauréat du prix Nobel de littérature. Dans cette lettre il dit : « Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé ». Quelle est la valeur du travail de Monsieur Germain ? La science économique moderne est bien incapable de le déterminer alors qu’il s’agit d’un sujet majeur qui ouvre la voie au concept de temps contributif que je développe comme solution aux méfaits de l’accélération technocapitaliste.
« Le rapide […] dévore le lent », le « the winner takes it all », la « start’up nation » : la rapidité et la nouveauté sont-elles en train de devenir les seuls critères du marché ?
Le 12 août 1908, l’industriel américain Henry Ford présenta la première voiture produite en grande série : le modèle T. Ce fordisme, étendu à toute l’industrie manufacturière déboucha sur une double révolution : la société de consommation et la mondialisation industrielle. Ce modèle profondément transformateur engendra une augmentation radicale et continue de la productivité du travail, un allongement des flux d’échanges et des progrès inconnus jusqu’alors dans les techniques logistiques. La véritable conséquence de cette évolution apparaîtra progressivement : la disparition de l’espace au profit du temps !
Mais, on n’avait encore rien vu. Traditionnellement, pour devenir riche en affaires, jusqu’à la fin du siècle dernier, il fallait bâtir une entreprise qui réalise des bénéfices et les partager ensuite avec les investisseurs. De nos jours, devenir une entreprise rentable est devenu une étape facultative, les capitaux-risqueurs et les fondateurs n’essayent même plus de créer des entreprises durables, leur but est de construire une promesse qui trouvera un acheteur. L’entreprise qui a de l’avenir est celle qui sera portée par les valeurs de l’entrepreneuriat : l’agilité, l’appât du gain rapide, la mobilité et le changement permanent. Lorsque Klaus Schwab, fondateur du World Economic Forum déclare : « Dans le monde d’aujourd’hui, ce n’est pas le gros qui mange le petit, mais le rapide qui dévore le lent », il nous indique que, dorénavant, le temps et la rapidité d’action constituent l’avantage concurrentiel décisif.
Le modèle de la start-up est symbolique du principe d’accélération qui caractérise notre monde. Certains veulent en faire un modèle de société censé amener les peuples vers plus de bonheur et d’harmonie. Mais cette vision s’appuie sur l’idée que les marchés peuvent être étendus à l’infini, que les composantes des marchés peuvent s’adapter en permanence et sans retard. Que le temps du droit, du politique, du social, par exemple, est lui aussi capable d’accélérer. Cette idée est simplement fausse. Elle revient à ignorer, voire à remettre en cause, le rôle des institutions démocratiques et sociales, certes elles-mêmes perfectibles, dans la coordination des activités individuelles.
Et avec quel résultat ?
Dans la plupart des entreprises l’urgence s’est imposée. Les systèmes d’organisation (flux tendu, juste à temps) mais aussi les méthodes de management accompagnent, amplifient ce sentiment d’urgence ce qui peut avoir des conséquences désastreuses. Non seulement le rythme effréné sape la motivation des employés, mais l’orientation de l’entreprise est dispersée dans diverses directions, ce qui peut dérouter les clients et menacer la marque.
Les dernières épidémies à la mode, la gestion Agile et le lean start-up, ont transformé des millions d’employés en cobayes. À l’origine, elles n’ont pas été créées pour gérer une entreprise ou des personnes, mais pour tenter de résoudre un problème spécifique. À la fin des années 1990, les projets informatiques n’arrivaient pas à produire les résultats attendus, la méthode Agile a été adoptée d’abord pour développer de manière plus efficace ces programmes, puis pour transformer des organisations. Du côté du lean start-up, la volonté est de refonder les grosses organisations autour des valeurs managériales des start-ups. Le management impose le principe du changement pour le changement. Cette forme de déshumanisation est en grande partie alimentée par la technologie, notamment via les systèmes de surveillance de la performance et les outils d’analyse du comportement. Cette surveillance, en voie de généralisation, crée un environnement toxique et démoralisant qui impacte la dignité, la liberté et l’autonomie des salariés. Et, à rebours de leurs discours humanistes, les entreprises de la « tech » sont les utilisatrices les plus agressives de ces systèmes de surveillance !
Avec la captologie, la vente de « temps de cerveau disponible », ne rencontrons-nous pas l’incarnation presque parfaite de ce que Bernanos désignait comme étant une « conspiration contre toute forme de vie intérieure »?
Comme le prévoyait Gary Becker, le temps économique se raréfie, nous avons l’impression d’avoir toujours plus besoin de temps pour produire une quantité de satisfaction toujours plus grande. En conséquence sa valeur augmente et les termes de l’échange (avec des biens) lui sont de plus en plus favorables. À cet égard, les enquêtes de l’Institut national du sommeil et de la vigilance révèlent que les Français dorment une heure et demie de moins que dans les années 1950 et deux de moins qu’au début du XXe siècle. On passe également moins de temps à cuisiner. Selon l’Insee, la part des dépenses de repas en conserve et en produits surgelés a presque été quadruplée depuis 1960. Un ménage sur deux pratique le plateau-repas au moins une fois par semaine. Les fast-foods, les speed dating, les siestes éclairs témoignent de ce phénomène. Pour en arriver là, il a fallu aider l’individu à concentrer son attention sur ce qui est important : lui-même. Le symbole de cette époque narcissique est le selfie. Tout comme le légendaire Narcisse, celui que nous appelons festivus numericus est fasciné par son image et informe en temps réel le monde entier de ce qu’il fait. Dorénavant sa vie sociale se passe sur son téléphone portable. Dès le réveil, toute son attention est concentrée sur le développement de cette popularité. Les comportementalistes ont théorisé, il y a déjà longtemps, comment conditionner les êtres humains en s’appuyant sur différentes méthodes de stimulation. S’appuyant sur le puissant besoin d’appartenance de festivus numericus, ces applications jouent sur tous les leviers pour capter son attention. C’est ainsi que notre temps est en train de devenir un temps inhumain, comme si un processus technique était en train de piloter nos cerveaux, nos corps, nos relations, notre agenda, et finalement, la forme entière de notre société.
Georges Bernanos a écrit qu’une civilisation ne s’écroule pas comme un édifice, elle disparaît avec l’espèce d’homme, le type d’humanité, sorti d’elle. Les économistes feraient bien d’entendre cette réflexion qui rejoint celle du sociologue allemand Ferdinand Tönnies lorsqu’il parle du passage d’une collectivité chaude, naturelle et spontanée, fondée sur l’alliance du sang, la convivialité des voisins et la cohésion des croyances, à une collectivité froide, artificielle et contrainte qui repose sur le contrat d’intérêt, les avantages que les uns peuvent tirer des autres, et la logique de la science. Il voyait déjà l’avènement d’un monde dans lequel l’homme se serait dégagé de la plupart de ses obligations vis-à-vis des autres et n’éprouverait plus le besoin de relations sociales pour se grandir. Cet abaissement de la sociabilité caractérise le technocapitalisme jusqu’à nous interroger aujourd’hui sur l’avènement d’un « monde sans contact » !
Vous dites dans votre livre que l’absence de régulation, le laisser-faire, le libéralisme classique sont dépassés. Cela fait-il du discours anti-libéral traditionnel un auxiliaire potentiel du technocapitalisme ?
Votre question ouvre la question d’un contexte idéologique saturé par la pensée néolibérale qui oppose bien privé et bien public en même temps que l’on oppose marché et planification. Il faut sortir de ces dualités. C’est dans une « troisième voie » que se trouve la nécessaire alternative au système technocapitaliste : une économie d’acteurs capables, engagés dans la gestion et le développement d’un projet commun. Dans cette perspective, l’enjeu politique sera de concevoir les cadres institutionnels qui favoriseront la réunion des conditions permettant son occurrence.
Le renouveau du libéralisme démocratique ne pourra se réaliser que si les citoyens reprennent confiance dans leur capacité à imaginer des solutions innovantes aux problèmes qui touchent leur vie quotidienne. Les interactions sociales sont au fondement de la fabrication de la puissance d’agir. En conséquence, une politique résolument nouvelle doit s’attacher à multiplier les situations favorables à l’engagement dans un public (au sens de Dewey). Cet engagement affaiblit les liens entre bien-être individuel et choix de l’action.. Il est au cœur de la liberté de l’individu car c’est ainsi qu’il retrouve une capacité de transformation que le technolibéralisme s’est appliqué à lui ôter. Mais, pour être réellement « producteurs » d’intelligence collective (condition de la puissance d’agir), ces publics doivent être dotés d’un projet et d’une gouvernance spécifiques. En la matière, Elinor Ostrom utilise le terme de « self-governance » qui est une capacité à librement s’organiser. Ce qui importe nous dit-elle n’est pas tellement la nature des règles qui seront mises en œuvre mais plutôt l’implication des acteurs dans l’élaboration et la surveillance du bon respect des règles. Cette bonne gouvernance passe par une communauté bien définie d’utilisateurs, ainsi qu’un ensemble de règles et de normes qui permet à chacun de réguler le comportement des autres. Cet exercice de la responsabilité constitue l’une des conditions des libertés civiles. Lorsque ces conditions sont réunies (public, ressource, gouvernance), Ostrom nous montre dans ses travaux empiriques que cette économie des communs appliquée à une problématique locale conduit le plus souvent à une plus grande efficacité que celle qui aurait été obtenue par le marché ou par l’État.
« Remoraliser le capitalisme », comme vous le proposez dans votre ouvrage, laisse entendre d’une part qu’il a été moral et qu’il peut le (re)devenir. Croyez-vous possible d’en convaincre ceux qui, aujourd’hui, ont le plus de raisons de vouloir changer de modèle ?
À l’origine, l’économie relevait des sciences morales (Adam Smith enseignait la philosophie morale à l’université de Glasgow). Ce n’est que depuis la fin du 19ème siècle que l’économie s’est transformée en une science se voulant dotée de démarches « dures ». De mon point de vue, l’économie et ce qui en découle est bel et bien une morale au sens où elle décrit une humanité et participe à la description de principes de régulation de nos sociétés. Finalement, le technocapitalisme est aussi une morale, sauf qu’elle s’appuie sur une vision d’un homme qui aurait abandonné toute ambition autre que celle de consommer toujours plus (et de vivre toujours plus longtemps). On pourrait dire que ce système est en train d’inventer une morale sans humanité car dans l’anthropologie technocapitaliste, l’homme est seul. Et c’est là que se trouve sans doute la contestation la plus décisive pour tous ceux qui pensent que l’ordre des choses n’est pas encore définitivement fixé. À la hauteur de l’impressionnant travail réalisé par la pensée néolibérale tout au long du XXe siècle, les sciences sociales doivent refonder leurs modèles sur la vision d’une nature humaine coopérative et engagée.
Je me réfère de nouveau à John Dewey car il fut parmi les premiers à nous proposer de penser la liberté comme une puissance d’agir, elle-même produite par des interactions sociales. Pour lui, la liberté au sens positif ne consistait pas seulement en l’absence de contraintes extérieures, mais aussi au fait de s’impliquer concrètement dans une communauté. C’est quand l’individu s’inscrit dans un collectif qu’il se met en capacité de saisir les enjeux qui le concernent. Cette forme nouvelle d’exercice de la liberté repose sur l’idée qu’elle consiste à participer à un engagement commun qui permet à chacun de réaliser ses capacités qui lui sont propres. Ainsi, pour Dewey, la liberté dans son sens le plus complet n’est possible qu’au travers d’un engagement, d’actions positives au sein de ce qu’il appellera « public ».
Dans cette même perspective, par sa critique de l’utilitarisme, Amartya Sen ré-ouvre l’analyse économique à la pluralité des motivations de l’agir économique et à la complexité éthique des questions de choix social. Il va contester l’analyse néoclassique qui voit l’agent comme un simple détenteur de ressources pour lui opposer un modèle basé sur les capacités à faire et à être (capabilités) des personnes à partir de ces ressources. La liberté chez Sen est plus qu’une liberté de choix, c’est aussi une capacité de participer effectivement au processus de décision et de choix collectifs qui nous concernent. Cette remise en cause des fondements logiques de la pensée néoclassique l’amène à nous proposer un changement de paradigme anthropologique qui lui permet de réfléchir à une « économie d’acteurs capables ». Ici, l’agent est donc actif, capable d’être et de faire, et comme pour Dewey, c’est cette capacité qui définit sa liberté. Cet individu n’est pas isolé, le lien social est un élément constitutif de ses capabilités. Inscrit dans sa communauté, situé dans l’espace, l’agent contribue à la construction collective de la compréhension des problèmes économiques et sociaux et peut ainsi participer à l’étude des solutions envisagées.
Dans son anthropologie, Elinor Ostrom considère que les incitations et conduites individuelles sont plus généralement orientées par des règles et des normes, elles-mêmes enracinées dans les valeurs sociales. La figure de l’individu est celle du voisin inscrit dans une communauté locale où la confiance, la réciprocité, l’engagement et la réputation jouent un rôle central, tout comme les institutions assurant la circulation de l’information, la supervision et la résolution des conflits. Ostrom propose un cadre juridique pour que la puissance d’agir puisse devenir réalité : celui de la propriété commune. Celle-ci stimule l’exercice de la responsabilité et constitue ainsi l’une des conditions de cette liberté comme capacité de transformation.
Tout cela n’est-il pas purement théorique et descriptif ?
Non, mobiliser ces travaux permet de dessiner un projet politique radicalement différent du dessein technocapitaliste. La perception de l’intelligence collective comme condition du renouveau de la puissance d’agir apparaît comme la base d’une économie politique propre à créer une alternative au monde accéléré qui est le nôtre. Elle doit inscrire le concept de « capabilités » d’Amartya Sen dans la réinvention de la théorie des communs d’Elinor Ostrom. Cette démarche doit placer l’organisation de l’intelligence au sens de Dewey au centre de la transformation sociale.
Pour imaginer une nouvelle économie politique, il faut revenir sur le contexte qui a créé le néolibéralisme : la déformation de l’espace-temps. C’est un exercice difficile car dans la théorie standard, tout ce qui empêche l’ajustement spontané de l’équilibre a longtemps été écarté. Qui plus est, le temps et l’espace ont toujours été intégrés en posant le problème en termes suffisamment restrictifs pour que le modèle des choix rationnels sorte indemne de l’aventure. Ce mode d’adaptation néolibéral est devenu contreproductif, l’économie politique doit en tirer les conséquences. Il faut reconnaître que l’accélération économique a atteint un optimum et, qu’en conséquence, toute augmentation nouvelle dégradera notre équilibre social. Soyons convaincus que, pour imaginer le monde d’après, de nouveaux acteurs devront apparaître car les pistes à explorer se trouvent bien plus dans une combinaison d’un temps « décéléré » et d’un espace « retrouvé » que dans une nouvelle phase d’accélération économique et sociale. C’est dans cette perspective que s’inscrivent mes propositions pour une nouvelle économie localisée, une économie d’acteurs « capables », une économie collaborative pour dépasser l’anomie technocapitaliste.
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