Le débat Yahoo! : nullité 2.0

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L’indécence médiatique n’a plus de limites. Internet permet tous les délires. Dernier en date : Le débat Yahoo!, une émission bas de gamme qui fait cohabiter l’odieuse Élisabeth Lévy avec l’infâme Clémentine Autain. Tout ça sous le regard malveillant de Christophe Hondelatte. Occasion pour les deux succubes de déverser un flot ininterrompu d’immondices.

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Depuis longtemps déjà, le déclin de la télévision est amorcé. Adieu Apostrophes et Droit de réponse. Bonjour C dans l’air et On n’est pas couché. Si nos cœurs sont arides et nos larmes sèches, l’espoir est entretenu par Ce soir ou jamais, îlot anachronique de liberté. Mais l’empire des surfaces est en mutation et ne renonce jamais à briser l’honnête homme. Avec l’avènement d’Internet apparaissent des médias hybrides, dégénérés, littéralement monstrueux. Le débat Yahoo! incarne cette perdition, ce point de non-retour. Cette émission frankensteinienne, animée par le chanteur Christophe Hondelatte, est un moment de médiocrité sans nom.

 Apocalypse médiatique

Tout commence avec des effets spéciaux hideux : plusieurs éclairs viennent briser un ciel parisien crépusculaire et s’abattre sur l’église Saint-Augustin. Puis l’oreille est agressée par une musique rappelant la bande originale d’un vieux jeu de baston. Moment que choisit le méphistophélique Hondelatte pour afficher son sournois sourire et révéler à nos yeux pieux ses deux gargouilles, la boursouflée Lévy et la candide Autain. Ambiance de fin des temps. Le doute n’est plus permis : l’apocalypse, c’est maintenant.

Dans une cave low cost ornée de trois téloches, d’une table en verre et d’une carpette violette, trône le déclassé Hondelatte, meilleur ennemi de Dave. Il se délecte à l’idée d’arbitrer ce duel inepte entre deux hystériques. L’auteur du tube Dr House choisit volontiers des thèmes clivants (mariage gay, conflit israélo-palestinien, islamophobie) afin que puissent s’exprimer la vulgarité haineuse de Lévy et l’arrogante naïveté d’Autain. Les premières offenses ne sont pas encore proférées que le spectateur éprouve déjà un profond sentiment d’abjection. L’insolite trio écœure. La laideur est télégénique. Latrines médiatiques !

 Les femmes à l’honneur

Soudain, un hurlement retentit. C’est Élisabeth Lévy, fondatrice et rédactrice en chef du magazine Causeur. La bougresse n’a jamais appris à parler. Descartes disait que « ce qui sépare l’homme de l’animal, c’est le langage articulé ». Lévy n’a pas lu Descartes. Cependant, elle se réclame de Philippe Muray et pense incarner la liberté d’expression. En réalité, c’est une paranoïaque doublée d’une islamophobe rabique. Incapable de « tracer une frontière » entre l’islam et l’intégrisme, elle angoisse : l’Occident démocratique est attaqué par un islam conquérant et prosélyte. Toujours vociférante, elle s’indigne de la complaisance des médias français vis-à-vis des musulmans et dénonce la propagande gauchiste dont est victime Israël. Ce tropisme irrationnel a tendance à faire oublier qu’il reste à Causeur des plumes respectables (David Desgouilles, Jérôme Leroy). La dérive droitière qu’incarne l’agressivité lévyenne discrédite l’entreprise initiale. À tel point qu’elle rendrait presque sympathique l’androgyne Autain. Mais ne soyons pas dupes.

Clémentine Autain, rédactrice en chef du magazine Regards, sait aussi hurler. Moins bien, certes, que son adversaire mais assez pour porter haut et fort son féminisme délirant. Sa marotte : nier la spécificité des sexes et la réalité biologique afin de tout réduire au relativisme culturel. Cette héritière de l’idéologie soixante-huitarde est en bonne logique l’apologète du progressisme sociétal. Mais sa posture bêtement transgressive ne l’empêche pas d’avoir un certain goût pour les belles-lettres. « J’ai trouvé très beau le livre de Christine Angot sur l’inceste », explique-t-elle dans la disgracieuse émission. Authentique emblème de la gauche bobo, Autain est également une militante antifasciste. Elle n’hésite pas à critiquer « l’absolu neutralité » dont Philippe Cohen et Pierre Péan ont fait preuve dans leur biographie sur Jean-Marie Le Pen. Si elle admet ne pas l’avoir lue, elle prévient tout de même : « Ça me mettrait mal à l’aise de lire un livre qui humanise Le Pen. » Attitude emblématique du Front de gauche : nuire à un discours économique authentiquement radical en l’habillant de vieilles chimères.

 Ignominie du chaos

Au bout du compte, Le débat Yahoo! – qui n’en est pas un – se résume à une insoutenable cacophonie rythmée par les frasques sionistes de Lévy et les sorties progressistes d’Autain. Les deux poissonnières n’ont pas non plus réussi à se mettre d’accord sur les règles élémentaires de courtoisie. Lévy tutoie Autain tandis qu’Autain vouvoie Lévy. Tout ça suinte le mépris. L’une singe la connivence. L’autre préfère conserver une certaine distance. Aux « Madame Lévy ! » d’Autain répondent les « Bon sang, Clémentine ! » d’Élisabeth. Ce décalage comique renforce la dimension tartufesque de ce circus politicus.

Cerné par les aboiements incohérents et les visages déformés par la folie, le spectateur lutte pour regarder le mal en face. Cette émission doit être envisagée comme une épreuve esthétique et morale dont on ressort renforcé bien que profondément meurtri. Cette ultime dérive de la société du spectacle terrifie par sa bassesse et dégoûte par son obscénité.

L’Antéchrist médiatique est donc arrivé, il s’appelle Le débat Yahoo!. Bâtie sur les décombres de la télévision, cette innommable émission 2.0 traduit à elle seule deux choses : la nullité des élites et le caractère pathologique des journalistes. À côté, C dans l’air, c’est Apostrophes ! Bref, on aurait préféré un combat de boue. Mais sans Lévy.

M.