Pierre Bergé est un ami de la liberté et de l’idéologie du progrès. Le débat sur le mariage pour tous a été l’occasion pour lui de montrer qu’il était un homme de convictions. Aux délires nauséabonds des antis, Pierre Bergé a su opposer une foi inflexible.
C’est l’histoire d’un homme, d’un petit BHL frappé de rotondité, au regard fatigué et à la moue contrariée. Comme l’ineffable philosophe-coiffeur, ce petit homme dit le Bien et le Mal, le Juste et l’Injuste, le Vrai et le Faux. Armé d’un sabre de lumière, il pourfend les âmes perfides, disloque les esprits réactionnaires et occit les infidèles qui s’opposent à la sublime marche du progrès. Le progrès, concept vide et sanctifié, lui permet de déployer un argumentaire implacable : «[…] Moi je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant. » Voici le véritable visage du progrès. Un progrès qui, sous couvert d ‘égalité, cache l’extension du règne du tout-marchandise. Derrière le libertaire se cache toujours le libéral.
La religion du progrès
Mais nous t’avons découvert petit homme. Nous savons qui tu es Pierre Bergé. Tu es l’apologète délirant d’un progressisme malsain. Tu es un militant fanatisé de la cause gay parisiano-parisienne, celle qui achète ses légumes bio, qui se ruine en Nivea Men et qui gagne cinq fois le SMIC. Pierre, tu es un négateur écervelé de l’homme naturel. Un philosophailleur hémiplégique du tout culturel. Un moralisateur intempestif, un infatigable squatteur cathodique, un manipulateur répugnant, un champion toutes catégories de la réductio ad hitlerum. Tu transformes magiquement tes adversaires idéologiques en un ramassis putride d’homophobes. Mais tu ne t’arrêtes pas là. En sophiste professionnel, tu imposes à cette foule que tu exècres un double châtiment. Tu les antisémtises : « Chacun a son bon pédé comme chacun avait son bon juif.»
Car ne pas penser comme toi, c’est nécessairement produire un discours de haine. Cette haine que toi, mon chérubin, tu ignores tant. C’est seulement par désinvolture et par lassitude que tu retweet : « Vous me direz, si une bombe explose sur les Champs à cause de la #ManifPourTous c’est pas moi qui vais pleurer. » Toi qui a pignon sur rue, tu t’insurges quand Le Monde, journal dont tu es l’un des principaux actionnaires, diffuse une publicité en faveur de la Manif pour tous. Cet encart de « haine » dans ce journal de « gauche » te révolte et déjà tu vomis : « Ceux qui l’ont acceptée ne sont pas dignes de travailler dans ce journal. A suivre. » Mais que vas tu faire petit Pierre ? Tu vas virer des gens en bon maître censeur ? Comptes tu t’inspirer de ton modèle en mol-pensance, le prince BHL ? Un petit coup de fil et puis s’en va. Tout ça parce que petit Pierre est froissé, scandalisé de lire des lignes qui sont « contraires à ses valeurs » ? Pierre, tu es un petit despote, un étron autoritaire, un roitelet sans noblesse. Cette haine, cette intolérance que tu dénonces si souvent, peut-être finalement se trouve-t-elle dans ton camp. Toi qui est « pour toutes les libertés », pourquoi n’es tu pas pour d’autres libertés que la tienne ? Pierre, tu te prends pour Voltaire mais tu n’es qu’un Saint-Just de sous-préfecture. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », tel est ton credo. Qui ne croit pas en la religion du progrès, cette idole sur laquelle tu jouis visqueusement, doit être cloué au pilori, désigné à la vindicte d’une élite dont l’arrogance n’a d’égale que le mépris de classe. Rassure toi donc Pierre, en dernière instance, tu demeures voltairien bien que tu ne connaisses pas les raisons de cette filiation.
Le rêve de Pierre Bergé
Mais nous t’en prions Pierre, fais donc que la lumière soit. La distribution de capotes aux collégiens, c’est has-been. Fais que l’on puisse tous dans un fiévreux engouement progressiste acheter à la pharmacie du coin un échantillon de sperme. Fais nous rêver Pierre ! Peut-être qu’un jour, grâce à toi, nous pourrons customiser sur internet notre progéniture, la programmer pour qu’elle soit branchée, trendy. Ringardise les banques de sperme ! Nous voulons des distributeurs automatisés ! Du Selecta dernier cri ! Nous voulons du liquide séminale low cost, des ovaires sur Ebay, des testicules podcastables, des ovules 2.0 !
Sois plus prosélyte Pierre ! Il reste encore quelques réfractaires. Quand ta révolution sera accomplie, quand la haine aura disparu de la surface du globe, quand tous les esprits seront enfin pacifiés, alors je te rejoindrai. Ce jour là, nous pourrons enfin nous promener main dans la main, juste toi et moi, dans le VIIe arrondissement de Paris. Devant la vitrine d’une boutique fraîchement inaugurée, nous choisirons la femme qui accueillera ton sperme ou le mien. Ou peut être la semence achetée plus tôt à la pharmacie, celle d’un éphèbe argentin triple champion de curling. Un sperme hors de prix, plaqué or et incrusté de diamants, mais rien n’est trop beau pour toi, pour moi. C’est aussi avec compassion que nos regards humanistes se porteront sur les couples de chômeurs stériles, forcés d’attendre les soldes pour se procurer du sperme Leader Price. Mais peu importe ce détail puisque nous serons alors tous égaux.
M.