Juan Asensio : « George Steiner concevait l’exercice de la critique littéraire comme une forme de dette d’amour »

Juan Asensio est essayiste et critique littéraire. Depuis 2004, il tient le site Stalker qui se conçoit comme une « dissection du cadavre de la littérature ». Fin connaisseur de George Steiner qui vient de nous quitter, il lui a consacré de nombreux articles, un essai (La Parole souffle sur notre poussière) et a participé à la rédaction du Cahier de l’Herne qui lui est dédié.

Juan Asensio

PHILITT : George Steiner a beaucoup compté pour vous.  Quand l’avez-vous découvert pour la première fois ?

Juan Asensio : Vous me permettrez d’être un peu long afin, comme on dit, de planter le décor. C’est en classe d’hypokhâgne, en 1990-1991, que j’ai pour la première fois entendu parler de George Steiner, par la bouche de mon professeur de français de l’époque, Patrick Laudet, affirmant que Réelles présences était un livre qu’il nous fallait absolument lire. Vu qu’il nous avait conseillé ou plutôt : vu qu’il avait exigé de nous que nous lisions tout ce que nous pouvions de Barthes, Genette, Richard et autres écrivants pour classes préparatoires, je me fis alors, stupidement, un point d’honneur à ne pas m’intéresser à George Steiner, supposant qu’il pouvait être considéré, peu ou prou, comme un auteur au programme. Je l’oubliai presque totalement jusqu’en 1997, année où je finis par lire cet essai, donc, Réelles présences, qui me frappa par son ton et son propos. Très vite, ensuite, je lus tout ce que je pus lire de lui, Dans le château de Barbe-Bleue bien sûr, l’une de ses œuvres les plus connues, son essai sur Heidegger, Errata mais aussi son livre le plus important à mes yeux – et évidemment le moins connu – Après Babel.

Une année plus tôt, en 1996 donc, j’avais lu, puis relu, puis relu une troisième fois la labyrinthique et géniale Ontologie du secret de Pierre Boutang et je ne pus alors qu’être frappé par les déclarations d’amitié et d’admiration que Steiner ne cessait de témoigner à l’endroit du métaphysicien prudemment tenu à l’écart de la vie intellectuelle française. Qui ne se souvient du fascinant dialogue de ces deux maîtres de lecture, émission télévisée avant que d’être livre, et émission célèbre, iconique même, qui serait à notre époque totalement inimaginable, sauf à la voir entrecoupée des ricanements compulsifs d’un Laurent Ruquier ou de la petite gueule de crétin satisfait d’un Yann Barthès ?

C’est alors que je décidai d’écrire un texte, non seulement sur George Steiner mais également sur Pierre Boutang, que j’intitulai « George Steiner, prince des logocrates », reprenant un titre d’un texte de l’auteur lui-même, où il évoquait son ami Boutang, mais aussi Heidegger et Joseph de Maistre, comme de dignes représentants de la logocratie, autrement dit, de la croyance selon laquelle le langage pouvait, correctement manié, être aussi puissant qu’un baril de dynamite et donc façonner voire détruire la réalité.

Je l’envoyai à Olivier Véron, que je fréquentais à l’époque et qui me renvoya mon court manuscrit tout lézardé d’annotations et de traits. Je le repris, décidai de l’envoyer à l’intéressé lui-même (avec l’adresse, pour le moins expéditive, suivante : « George Steiner, Cambridge ») qui me répondit aimablement, comme à son habitude, par un court texte tapé à la machine à écrire sur une demi-feuille A4, agrémenté de quelques ajouts et corrections manuscrits. C’est la version amendée de ce texte qui parut dans la revue lyonnaise Dialectique puis, à la faveur d’une réécriture de chacune des parties qui le composaient, un essai que je proposai logiquement au premier lecteur de son ébauche maladroite, Olivier Véron encore une fois. Fidèle à son habitude, ce dernier me renvoya mon manuscrit encore plus couvert de sa minuscule écriture que ce n’avait été le cas pour mon court article, promit de le publier, commença à douter, fit le mort, procrastina, me demanda de le réécrire ici ou là, de sabrer, de hacher, de démembrer mon texte, finissant par avouer qu’il répugnait à le publier dans sa petite maison d’édition, Les provinciales, au motif que mon étude ne s’inspirait pas suffisamment de Charles Péguy et même, foin de rigueur philologique et, plus simplement, d’honnêteté intellectuelle, parce qu’il ne voulait pas faire de George Steiner le chrétien qu’à ma connaissance ce dernier n’a jamais voulu être, même s’il a énormément lu des auteurs tels que Sören Kierkegaard, se déclarant je ne sais plus où fasciné par l’auteur de Crainte et Tremblement qu’il qualifie même de « curieux Juif danois qui n’était pas juif ». Saisissant le cas de George Steiner, Juif point vraiment orthodoxe, Olivier Véron se demandait bien qu’en faire sinon le propulser d’un coup de pied devant le porche de la première église venue ou, qui sait, l’agrafer dare-dare sur une croix, fût-elle plantée de guingois.

Il est du reste assez piquant d’observer que Steiner estime que son ami envie le judaïsme, remarque que l’on pourrait bien sûr retourner contre l’intéressé, puisque George Steiner envie le christianisme : « J’ose deviner dans la confrontation de Boutang au judaïsme une part d’invidia, de cette soif envieuse de ce qu’ont d’exemplaires l’élection et la souffrance juives, comme l’ont éprouvée certains grands docteurs du catholicisme. Il y a du Tertullien dans Boutang » (1).

Pierre Boutang

Dans quelle mesure a-t-il influencé votre manière d’appréhender la littérature ?

Ce long détour autobiographique afin de contextualiser le plus précisément possible ma découverte des textes de George Steiner et dégager tout de même deux raisons principales à mon intérêt pour lui : il ne craignait pas, tout en se disant Juif non pratiquant, d’évoquer son admiration, d’abord intellectuelle, pour un grand nombre de penseurs et d’écrivains chrétiens, dont Pierre Boutang était alors la figure encore vivante et ombrageuse, à vrai dire intraitable. Cette admiration n’était pas vraiment dépourvue de très violentes critiques à l’égard du christianisme, que George Steiner tenait pour responsable, historiquement, de l’effondrement que représenta le massacre de plusieurs millions de Juifs en Europe, comme je l’ai écrit dans un article publié en 2011 dans la revue Études. Quoi qu’il en soit, sa façon de montrer qu’un texte que ne travaillait pas ou plus la recherche d’une verticalité – allant donc vers le ciel mais ne craignant évidemment pas de s’aventurer là-bas, vers l’au-delà ou plutôt l’en deçà du Mal – était condamné à sombrer dans l’insignifiance journalistique ne pouvait que m’attirer invinciblement, mon objet de recherche étant, à cette époque-là, la figuration du démoniaque dans les œuvres d’écrivains comme Barbey, Huysmans, Bloy ou, bien sûr, Bernanos.

En évoquant Pierre Boutang, nous touchons à la seconde raison principale de mon enthousiasme pour les textes de George Steiner (2), que je finis par rencontrer à La Sorbonne, entouré par un cortège de prétendants que tentait de calmer comme il le pouvait son traducteur, Pierre-Emmanuel Dauzat, qui tient au fait que l’homme, affirmant pourtant à plusieurs reprises qu’il avait peu de courage physique et même qu’il craquerait au bout de quelques secondes si on s’avisait par exemple, devant lui, de torturer sa chienne, ne craignait pas de dialoguer avec l’imposant héritier, parfaitement infréquentable aux yeux des commis républicains, de Charles Maurras, Pierre Boutang donc ou d’affirmer son admiration pour un roman, en effet tout à fait remarquable, comme Les Deux Étendards de Lucien Rebatet, un « salaud », je crois que le terme est de Steiner lui-même.

Puisque vous évoquez la question du Mal et de la transcendance, rappelons que le premier essai de Steiner est consacré à Tolstoï et Dostoïevski. Doit-on supposer dès lors que la préférence de Steiner va pour Dostoïevski ? Il me semble d’ailleurs que ce livre ne suscite pas chez vous une admiration particulière…

C’est curieusement le dernier des textes que j’ai lus de George Steiner, alors qu’il a commencé sa carrière publique par cet ouvrage. Sans évoquer par le menu un texte dont l’intention est de montrer que l’on peut, en gros, distinguer deux versions du monde correspondant à ces deux génies littéraires, je note que George Steiner y indique ce qui sera son pari, au sens véritablement pascalien du terme : « Le grand art, très souvent, exige la croyance. » Steiner se montrera dans chacun de ces livres attiré par les créateurs ayant quêté les signes du divin même s’il sait que la réalité, soit l’existence manifeste de grandes œuvres débarrassées de Dieu comme nous le voyons avec Proust (ou même Balzac), lui donne tort. D’ailleurs, nous avons signalé d’ores et déjà l’une de ces exceptions les plus notables, qui n’est autre que Les Deux Étendards. Dans ce même essai, il rappelle aussi, et c’est un point essentiel à mes yeux, que la critique littéraire, autrement dit : toute lecture digne de ce nom, devrait naître d’une dette d’amour, ce sont ses propres termes et il a parfaitement raison bien sûr car qui dit dette dit regard point méprisant sur le travail de celles et ceux qui nous ont précédés, qui dit dette dit possibilité d’une forme d’admiration et, bien davantage que cette dernière, de piété, de volonté d’être le fils d’un père et, de la sorte, de le remercier, de l’honorer.

Lucien Rebatet

George Steiner ne se souciait guère de la réputation des gens qu’il fréquentait, en témoignent sa fascination pour Heidegger et son amitié pour Boutang. On sait aussi qu’il a rencontré Rebatet et qu’il voulait faire traduire en anglais Les Deux Étendards. Que cherchait-il avant tout dans les interlocuteurs qu’il se choisissait ?

Je pense qu’il est resté toute sa vie obsédé par une question fort simple, pourtant parfaitement insoluble, sauf à convoquer les prestiges désormais éventés d’une théodicée à l’ancienne, ou alors de convoquer séance tenante un expert en casuistique qui, à coup de virgules et de subordonnées relatives, parviendra à ne plus parvenir à différencier le bien du mal. Cette question éminemment simple, la voici : comment l’art au sens le plus large, la littérature, la musique, la peinture, ont-ils pu tolérer de voisiner avec l’horreur et même, ne l’ont pas tout bonnement empêchée ? Comment Bach a-t-il pu être joué près des fours crématoires engloutissant le cri des suppliciés et des fosses où les cadavres étaient jetées par centaines, par milliers même ? Comment peut-on contempler un grand tableau, écouter une magnifique pièce de musique le matin et, le soir, torturer une femme, un enfant, un vieillard, un homme ? C’est pour cela que Lucien Rebatet a fasciné Steiner, Rebatet qui lui proposa de le rencontrer dans la banlieue de Paris où il vivait, lui ayant fait savoir qu’il n’avait pas changé un iota à ses idées, mais qu’il admirait, comme Steiner qui avait eu le culot de saluer le génie de son grand roman à une époque où celui-ci était échangé sous le manteau, le courage. George Steiner a aussi rappelé plusieurs fois la force et le courage physique dont Pierre Boutang avait fait preuve tout au long de sa vie de pensée mêlée à l’action, d’action ordonnée, à tous les sens de ce beau terme, par la pensée. N’oublions pas également l’exemple d’Ezra Pound le proscrit, capable d’écrire la plus haute poésie lyrique, par exemple celle des Cantos pisans, et de clamer en mots chiches et phrases avares son obédience au fascisme : nous savons que, comme Rebatet, il a payé au prix fort son engagement, l’un la cage, l’autre la cellule, et c’est peut-être un point commun unissant Boutang, Rebatet et Pound qui, tous trois, n’ont pas craint de se mêler à la rude bataille d’homme en mettant, au service de leurs convictions, le génie de leur langue, quitte à se tromper. George Steiner est passionné par les œuvres engagées, à condition bien sûr qu’elles s’appuient sur un fonds métaphysique, lumineux ou ténébreux. J’ai toujours beaucoup regretté qu’il n’ait, à ma connaissance du moins, jamais dit un mot sur la somptueuse Plage de Scheveningen de Paul Gadenne, transposant dans un roman d’une si terrifiante profondeur le destin de celui qui fut l’ami du grand romancier hélas, Robert Brasillach.

Nous pourrions voir dans l’exemple de Paul Celan, que George Steiner a souvent évoqué, le cas inverse de ceux que je viens d’évoquer puisque ce grand poète, peut-être le plus grand poète allemand depuis Hölderlin et Trakl, a dû sembler à George Steiner incarner, jusqu’à la folie et au suicide, le refus de la violence, la tentative d’écrire depuis la langue même de la mort, l’allemand mécanique et déshumanisé de la LTI ou Lingua Tertii Imperii disséquée par Klemperer, une œuvre d’une complexité proche de l’hermétisme et d’une beauté inouïe, intraduisible bien sûr, comme si toute grande œuvre réalisait un pardon : incarnait, au sens plénier du terme, au sens catholique de la réelle présence du Christ dans l’hostie, la coincidentia oppositorum, la coïncidence des opposés analysée par Nicolas de Cues.

Œdipe conduit par Anitgone

Le thème de la parole, du Verbe, est essentiel dans la pensée de Steiner et culmine avec Antigone. Pourquoi ce mythe occupe-t-il une place si importante dans son univers mental ?

J’ai en partie répondu à cette question en évoquant ce qu’est le grand art pour George Steiner : non seulement une interrogation, profonde et bouleversante, sur le Mal, mais un rempart, aussi fragile qu’on ne le voudra cependant, face au déchaînement de l’innommable, de l’horreur, par exemple le fait de laisser pourrir au soleil, par ordre de Créon, le corps d’un homme. En somme, la pièce de Sophocle maximalise et incarne les débats ultimes auxquels l’homme du siècle passé a été si douloureusement confronté, la tyrannie, l’ordre impie, la résistance, la révolte contre ce qui n’est point juste, le sacrifice, le soin des morts, le souci des vivants, car il n’y a pas un peuple en danger qui n’ait ressenti la nécessité urgente de reprendre à son compte ce grand mythe fondateur.

Je ne suis cependant certain, comme vous, que le thème de la parole culmine dans son livre sur Antigone. C’est plutôt dans son roman évoquant la figure maudite d’Adolf Hitler, tapi au fond de la jungle comme Kurtz, que Steiner a figuré la possibilité d’une espèce de parole inversée, d’anti-verbe exhalé des ténèbres. La grande figure féminine héroïque d’Antigone incarne plutôt à ses yeux cette qualité que William Faulkner attribua à l’une des femmes noires qui s’étaient occupées de lui, l’endurance, la capacité de souffrir en silence. Voyez plutôt ce passage extrait des dialogues de Steiner avec Boutang : « On était obsédé par ces trois morts: la mort du Christ, la mort de Socrate, la mort d’Antigone. Les trois moments de l’entrée dans la nuit, de l’entrée inconcevable: celle vers la résurrection, celle de Socrate vers la Promesse des Champs-Élysées. […] Mais cette jeune femme, elle va dans le noir, la Nei, elle entre dans le rien. Elle n’est pas sûre. Et ça aussi, c’est très moderne. Nous sommes là de nouveau devant l’héroïsme sans garantie, il n’y a aucune assurance. » Voilà le moment qui constitue le véritable point aveugle de la pensée de Steiner et qui, je le crois, lui a rendu aussi incompréhensible qu’inacceptable la mort et la résurrection du Christ.

Steiner avait-il inauguré une tradition particulière d’analyse littéraire ? A-t-il permis de faire découvrir des écrivains jusque-là inconnus ? A-t-il des héritiers ?

C’est une question difficile à laquelle je serais tenté par une triple négation. Non tout d’abord, car il n’a créé aucune tradition particulière de lecture ou d’analyse littéraire mais a exacerbé certaines tendances de l’herméneutique qu’illustreront à leur tour des auteurs comme Gadamer ou Heidegger, Jauss aussi, en opposition avec sa bête noire, la déconstruction derridienne. Selon Steiner, il faut lire comme si, comme si le verbe gardait encore la trace du Verbe. Non ensuite, car il n’a fait découvrir aucun écrivain inconnu mais, oui, il a pu souligner l’importance de certaines thématiques qui, chez tel ou tel, était passée jusqu’à lui relativement inaperçue. Non enfin, car je ne lui vois aucun héritier, comme je n’en vois aucun à Pierre Boutang, même si nous pourrions cependant penser pour ce dernier à Bruno Pinchard et, pour Steiner, évoquer l’exemple de penseurs et herméneutes comme Jean Bollack, Roberto Calasso ou même Giorgio Agamben, qu’en aucun cas cependant nous ne pouvons affirmer être des héritiers. Il faudra attendre peut-être quelques années encore pour que l’un des étudiants de George Steiner accède à la célébrité, mais je crains que cette époque ne soit définitivement révolue, où nous pourrions saluer l’exercice. Comme je l’ai dit plus haut, George Steiner concevait l’exercice de la critique littéraire comme une forme de dette d’amour, pas moins contraignante qu’une autre. Or, la critique littéraire actuelle, surtout celle qui passe pour telle dans les grands journaux nationaux, est tout ce que l’on voudra, y compris un sinistre bavardage consanguin et publicitaire, à l’exclusion d’un travail sérieux qui ne se croie pas à sa propre origine, né, comme on le pensait à une époque des mouches à merde, par génération spontanée.

Pensez-vous qu’avec la mort de Steiner, c’est une certaine figure de l’intellectuel juif en particulier qui disparaît ?

Peut-être, sans doute oui, car ils sont tout de même rares, ces intellectuels juifs capables de connaître aussi bien que George Steiner ce que l’on appelait, il n’y a pas si longtemps de cela, les humanités, et bâtir des arches d’amitiés au-dessus de gouffres de différences : qu’est-ce qui rapproche a priori George Steiner de Pierre Boutang, si ce n’est le même culte, la même piété pour les textes ? Il me semble tout de même que la figure de l’intellectuel juif est quelque peu datée, coincée qu’elle est entre les deux pôles que sont l’antisémitisme et le sionisme. Des volumes entiers ont été consacrés à cette figure somme toute traditionnelle qu’est l’intellectuel juif, mais je ne sache pas que George Steiner, à cette occasion, y a été évoqué. De toute manière, j’ai souvent pu constater que ce penseur, plutôt qualifié d’Occidental, ce qui n’est pas vraiment un compliment en l’occurrence, n’était guère goûté par d’autres penseurs juifs, qui lui reprochaient de donner de grandes leçons quelque peu déconnectées de la dure réalité de la vie des Juifs en Israël, miracle géopolitique cerné de toutes parts, triste miracle aux yeux de Steiner qui n’a finalement jamais imaginé les Juifs que comme d’éternelles victimes quitte à ce que, ici ou là, au cours des siècles, elles fassent preuve de leur prodigieuse intelligence.

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(1) Dialogues Sur le mythe d’Antigone sur le sacrifice d’Abraham de Pierre Boutang et George Steiner, J.C. Lattès, 1994, p. 42.

(2) Enthousiasme qui finira toutefois par retomber assez vite en constatant qu’il était moins original que susceptible de mettre en sourdine voire franchement taire les noms de plusieurs penseurs l’ayant fortement influencé – comme Benjamin, Scholem, Klemperer ou encore Kraus – ou d’écrivains ayant pu lui inspirer un peu trop directement à mon goût tel de ses propres textes. J’ai ainsi montré, dans le Cahier de l’Herne qui lui a été consacré, comment George Steiner s’est très largement inspiré de Cœur des ténèbres de Joseph Conrad pour son Transport de A. H. Cette occultation de certains noms finira par me paraître plus que suspecte, car il est tout bonnement impossible de supposer que George Steiner n’a rien lu de Léon Bloy ou de Georges Bernanos, qu’il ne mentionne, à ma connaissance, pratiquement jamais.