Dostoïevski, le goût de la littérature et le goût de la vie

[Cet éditorial est paru initialement dans PHILITT #12]

Je me souviens des écrivains qui m’ont donné le goût de la lecture : Richard Matheson, Bram Stoker, Eiji Yoshikawa… Le récit d’aventures et le récit fantastique ont constitué mes premiers émois littéraires et il faut reconnaître à ces deux genres une force de captation inégalée. Ici, le plaisir est immédiat : un monde mystérieux ou épique s’ouvre à nous, des personnages maléfiques et héroïques y évoluent, une intrigue haletante, respectant certains codes propres au divertissement, se met en place. Savoir apprécier une telle structure narrative, jouir du simple fait d’ouvrir un livre, mais aussi de le fermer en sachant que l’histoire continuera le lendemain, voilà ce qu’on pourrait appeler « avoir le goût de la lecture ». « Goût de la lecture » que je distinguerais du « goût de la littérature », sans évacuer l’hypothèse que le second soit la maturation du premier. Ce « goût de la littérature », c’est Fedor Dostoïevski qui me l’a donné et j’aimerais ici montrer que ce sont deux évènements esthétiques différents, que l’on peut être éveillé au premier sans l’être au second, que l’on peut aimer lire sans pour autant aimer la littérature.

J’ai découvert Dostoïevski adolescent. Ce fut une rencontre purement fortuite, presque un malentendu. Mais elle garde le charme de celle faite sans intercesseur. Comme le voulait la tradition familiale, j’étais en vacances en Vendée, sur l’île de Noirmoutier. Dans la maison de la presse où j’avais quelques années auparavant déniché le roman La Pierre et le sabre de Yoshikawa, je me trouvais cette fois intrigué par un nom, « Dostoïevski », et par un titre surtout, Les Possédés (c’est seulement bien plus tard que j’appris que cette traduction était incorrecte et qu’il fallait lui préférer Les Démons). Ne connaissant rien de l’écrivain – le nom me disait vaguement quelque chose – je croyais être en présence d’un ouvrage fantastique, d’une véritable histoire de possession. J’achetai l’ouvrage en espérant que ce Dostoïevski fut une sorte de Stoker ou de Shelley russe. Quelle ne fut pas ma surprise quand je découvris ces premières pages ennuyeuses (vraiment pas le meilleur début des romans de Dostoïevski) mettant en scène des échanges dont je ne comprenais pas les enjeux entre Stefan Trofimovitch (vieil idéaliste, père de Piotr Verkhovensky) et Varvara Petrovna (la mère de Stavroguine). Je m’accrochais pourtant pendant des heures, guettant le moment où l’histoire de possession surviendrait. Mais aucun évènement de cette nature n’arriva. Surgit en réalité quelque chose de beaucoup plus important en la personne de Stavroguine, personnage charismatique et ombrageux qui domine le roman de sa présence fascinante.

C’est une chose connue que Dostoïevski travaille ses personnages comme nul autre écrivain, qu’il le fait, non pas en donnant d’eux une description physique détaillée ni en les inscrivant dans un cadre social et historique particulièrement cohérent, mais en leur conférant une psychologie profonde, au sens de Nietzsche, et en jouant sur certains traits comportementaux (la gestuelle, la manière de s’exprimer ou, au contraire, les non-dits). Certains observateurs ont fait de ce talent particulier un sommet du « réalisme ». C’est le cas notamment de l’écrivain gallois John Cowper Powys qui écrit dans son Dostoïevski (1946) : « J’ajouterai en manière de codicille que s’il faut que ce qui arrive aux personnages soit fort intéressant, les milieux, tout en étant réalistes, doivent revêtir ce je-ne-sais-quoi sans lequel, par quelque étrange loi de l’esprit, les choses ne nous rappellent pas cette réalité profonde de notre expérience qui doit toujours reposer à la lisière du mystère. » À ses yeux, la supériorité de l’art de Dostoïevski sur les autres romanciers réalistes tient au fait qu’il prendrait en compte une dimension de la réalité souvent occultée, irréductible à la matérialité des événements. Dostoïevski serait capable de montrer quelque chose que les autres ne montrent pas, piégés pas certains codes traditionnels du réalisme. Codes que Dostoïevski détourne pour transcender le genre et forger un réalisme « en quatre dimensions » : « Nous voici au cœur du problème : il se situe entre le « réalisme » de Zola ou Maupassant, Tolstoï ou Hardy, et le réalisme plus réel de Fedor Dostoïevski. » Mais est-ce seulement de cela dont il s’agit avec Dostoïevski ? L’enjeu est-il seulement celui du genre littéraire ? Doit-on se satisfaire du fait que Dostoïevski nous montre « le mystère », la réalité cachée dans une sorte de dépassement du réalisme ? Selon moi, il s’agit de quelque chose de plus puissant que cela, qui a à voir avec la définition même de la littérature.

Mais revenons à la rencontre avec Stavroguine, peut-être le personnage le plus radical, au sens métaphysique du terme (avec Mychkine), créé par l’écrivain. À la première lecture, je compris que Stavroguine possédait, en quelque sorte, une dimension fantastique. Il avait quelque chose de surhumain parce qu’il exerçait une emprise sur la totalité des autres protagonistes du roman. Surtout, Stavroguine n’était pas, à proprement parler (et c’est ainsi que Dostoïevski l’a conçu), un personnage de fiction. Stavroguine était un personnage réel, au sens strict du terme. Il était même plus réel que la réalité. Autrement dit, il y avait plus d’épaisseur ontologique (j’affirme cela en ayant conscience que la personnalité particulière de Stavroguine se caractérise par le vide, le rien) en lui que dans l’existence de certains individus particuliers. On dit souvent de certains hommes historiques exceptionnels qu’ils sont « des personnages de roman », en sous-entendant qu’une telle intensité ne peut se rencontrer que dans la fiction, qu’ils sont des anomalies du réel. Powys, encore lui, avait remarqué cette absurdité : « Maintenant, ceux qui considèrent Balzac ou Tolstoï, disons, voire notre Walter Scott, comme le plus grand des romanciers déclareraient j’imagine que les personnages les plus typiques de Dostoïevski sont si exceptionnels et anormaux qu’ils ne sauraient en aucune façon représenter des êtres humains ordinaires. Mais qu’est-ce qu’un être humain ordinaire ? Voilà la question. Appartenir à la foule immense, terne, sans ambition, bien intentionnée, désespérément crédule, ne signifie pas qu’on soit ordinaire. Aucun être humain, homme ou femme, n’est vraiment interchangeable. » Et d’ajouter : « C’est seulement pour les ignorants que tous les moutons se ressemblent – l’homme ordinaire est une création de l’esprit conventionnel. Il y a plus de Stavroguine, de Karamazov, de Chatov et de Mychkine parmi nous que ne le croit notre brave général Épantchine. »

Stavroguine exprimait une chose extrêmement puissante et tout à fait nouvelle pour moi : la littérature est l’expression la plus adéquate de la réalité, de la vie même.

Powys a raison de souligner ce point, mais nous estimons qu’il ne va pas assez loin. Il ne suffit pas de dire que des types comme Stavroguine (basé en partie sur le théoricien nihiliste Netchaïev) ou comme Mychkine (après tout, le Christ est bien un personnage historique) peuvent se rencontrer dans la réalité, peuvent trouver un équivalent réel en termes d’intensité. Il faut aller plus loin et affirmer – et voici peut-être la clé du mystère de la littérature : non seulement les personnages historiques exceptionnels ne sont pas « des personnages de roman », mais les personnages de roman sont des personnages « historiques » exceptionnels. Voilà peut-être en quoi réside le génie de Dostoïevski en particulier (mais aussi celui d’un Balzac, n’en déplaise à Powys) et voilà pourquoi sa rencontre avec lui trouble infiniment. En montrant la dimension mystérieuse du monde, en mettant à nu les âmes de ses personnages, Dostoïevski accède à un niveau de réalité qui est supérieur à celui que l’on rencontre dans la vie de tous les jours. Voilà pourquoi la rencontre avec Stavroguine est un choc (choc renouvelé avec Raskolnikov, Mychkine ou la fratrie Karamazov ensuite). Dostoïevski manifeste, par le biais de la fiction, l’essence de la réalité, c’est-à-dire la vie. Il ne nous montre pas seulement les apparences, les faux-semblants, les conventions sociales, l’hypocrisie, ce qui est le quotidien tragique et gris de notre réalité. Il montre l’intériorité de l’âme. Il montre l’homme nu. Il l’expose dans sa plus grande vulnérabilité. Dostoïevski nous permet de connaître ses personnages, non pas comme nous connaissons autrui – puisque son intériorité nous demeure fatalement inaccessible – mais comme nous nous connaissons nous-mêmes. Dans un sens fort, Dostoïevski montre des subjectivités. Il parvient à montrer ce qui, habituellement, est invisible. André Suarès l’avait déjà remarqué dans son Dostoïevski (1911) : « Nulle puissance plus proche de la vie. Les grands rêveurs sont les grands vivants. Où ils semblent s’éloigner le plus de la vie, ils y touchent encore de plus près que les autres. » Ou encore : « Tout est intérieur. Ce n’est même pas la pensée qui crée le monde, en le figurant. C’est l’émotion qui suscite toute vie, en la rendant sensible au cœur. Le monde n’est même plus l’image d’un esprit. L’univers est la création de l’intuition. » Voilà ce que l’on réalise lorsque l’on est confronté à la présence de Stavroguine : ce personnage de roman est bien un « homme réel », un homme vivant. Il l’est par la radicalité de sa bassesse, par la fascination malsaine qu’il exerçait sur autrui, par l’absurdité de son comportement. Pour sûr, un véritable héros de roman n’aurait jamais agi ainsi, avec cette ambiguïté, ce balancement perpétuel entre la grandeur de l’engagement et le vide de la conviction. Stavroguine exprimait une chose extrêmement puissante et tout à fait nouvelle pour moi : la littérature est l’expression la plus adéquate de la réalité, de la vie même.

La rencontre avec Dostoïevski que j’avais d’abord envisagée comme un divertissement, comme la possibilité de lire un livre agréable sur la plage, se révéla tout autre. Dès lors, je compris quelque chose de nouveau : les livres ne sont pas seulement là pour nous amuser, pour procurer chez nous un plaisir esthétique, ni même, comme on le dit trivialement, pour nous faire réfléchir. Les livres, en tant qu’ils sont des œuvres authentiquement littéraires, sont des manifestations de la réalité. Ils sont à la fois l’expression d’une vie subjective, celle de l’écrivain, et la réalisation concrète d’une nouvelle « objectivité ». Stavroguine existe, comme Raskolnikov ou le Prince Mychkine. Mais ils existent d’une certaine manière hors du monde, hors du mensonge du monde. Ou plutôt : pris au piège dans le théâtre du monde, ils font tomber un voile et participent dès lors à sa mise en accusation. Car pour Dostoïevski, le monde (aussi bien au sens « mondain » qu’au sens de la stricte objectivité de ce qui est visible) est le lieu du mensonge. Voilà ce qui fait la puissance stupéfiante de Dostoïevski : il nous apprend, souvent pour la première fois, que le monde tel qu’il est est un scandale. Cela constitue en quelque sorte une sortie de l’innocence. La mise en scène de l’abjection et de l’injustice fonctionne comme un révélateur. Dans Crime et châtiment, le héros Raskolnikov est l’assassin d’une vieille prêteuse sur gage. Sonia, figure rédemptrice, a tout sacrifié pour sa famille, allant jusqu’à se prostituer pour ne pas mourir de faim. Dans Les Démons, le héros Stavroguine viole une petite fille. Chatov, quant à lui, se fait tuer tandis que son enfant est en train de naître. Dans L’Idiot, Mychkine, figure christique et personnage principal, est moqué pour sa bienveillance. Nastasia Filipovna, la femme qu’il aime, épousera finalement son rival Rogojine qui finira par la tuer. Hyppolite, un jeune phtisique qui souhaite partir dans un coup d’éclat est incapable de se suicider.

C’est un lieu commun que de dire que certains livres ou certains écrivains nous accompagnent tout au long de la vie. Mais ce serait une erreur que d’affirmer que Dostoïevski est un simple compagnon. Il ne nous accompagne pas seulement dans le monde, il nous montre la réalité du monde. Il apporte avec lui le monde tel qu’il est vraiment en exposant notamment les âmes des hommes. Il déchire le voile des apparences pour montrer un homme, souvent médiocre, malheureux, malade, parfois ignoble, quelques fois heureusement proche de la sainteté. L’œuvre de Dostoïevski constitue, nous l’avons dit, une mise en accusation du monde et de son hypocrisie. Hypocrisie dans la conduite sociale, dans le respect de certaines hiérarchies et, plus généralement, dans la valeur que l’on peut accorder aux hommes. Dostoïevski pose cette question radicale : que vaut un homme ? Non pas au sens bassement matériel de la réussite professionnelle, mais au sens de la pureté de son cœur, de sa proximité ou de son éloignement avec le modèle christique. Et Suarès savait de quelle manière Dostoïevski y répondait : « Il a pesé que les premiers selon le rang sont souvent les derniers selon la vie ; et les derniers selon le monde, les premiers suivant l’âme cachée du monde. Là, il apprit à se mettre au-dessus de toute apparence. Là, il s’est fait à vivre en profondeur : car toute l’œuvre de Dostoïevski est une vie dans la profondeur et dans la vérité secrète, qui est l’unique vérité, sans doute. »

Et avec lui nous comprenons : c’est par la littérature que nous accédons à l’intériorité radicale de la vie, c’est-à-dire à la personne du Christ qui est la seule beauté.

Avec Dostoïevski, le monde de l’enfance, le cocon rassurant – celui où le livre est une fiction que l’on regarde de l’extérieur et qui ne peut nous atteindre – s’écroule soudainement. Il se désintègre sous nos yeux et révèle sa nature cauchemardesque. Voilà peut-être la différence fondamentale entre la « lecture » et la « littérature ». Le livre, qui constitue une simple « lecture », peut être refermé, posé sur notre table de nuit, mis à distance de notre conscience. Son histoire ne nous poursuit pas ensuite, hormis peut-être dans nos rêves. Le livre, qui appartient à la « littérature », ne se referme jamais. On commence à lire Dostoïevski mais on ne finit jamais. Son œuvre devient pour le lecteur une page perpétuellement tournée. Le monde que Dostoïevski apporte avec lui n’est pas seulement une fiction, un repoussoir imaginé pour faire frémir les lecteurs, il est le visage du monde lui-même.  

C’est d’ailleurs pour cela que Dostoïevski critiquait vertement Tourguéniev qu’il considérait comme un écrivain de la bonne conscience. Dostoïevski est l’écrivain de la mauvaise conscience ! L’écrivain du péché ! Voilà pourquoi il nous parle tant. Car nous savons tous finalement que rien ne va. Ou plutôt, tout homme sain d’esprit sait qu’il a quelque chose à se reprocher. En 1928, Freud a bien montré dans sa préface à la traduction allemande des Frères Karamazov, « Dostoïevski et le parricide », que Dostoïevski était fondamentalement une figure du pécheur, qu’il était hanté par l’idée du péché en même temps que par celle de la liberté. Car l’un ne va pas sans l’autre, il n’y a pas de péché sans liberté et, réciproquement, il n’y a pas de liberté sans péché. C’est cette tension proprement humaine que Dostoïevski va méditer tout au long de son œuvre, qu’il va éprouver dans sa chair et nous avec lui. Dostoïevski obsède le lecteur parce qu’il le met face à ses fautes, face à ses désirs les plus inavouables et face au vertige de la liberté. Cette dernière offre à l’homme la possibilité de tout faire, d’agir par delà bien et mal, d’accomplir les choses les plus grandes, mais aussi les plus basses. Mais il existe quelque chose qui vient limiter notre usage de la liberté, c’est la conscience du péché. Dans quelle mesure un homme libre peut-il assumer d’être un pécheur ? C’est la question que les personnages de Dostoïevski se posent, c’est la question qu’il se pose lui-même et c’est la question que nous nous posons aussi. Dostoïevski montre l’abîme inquiétant qu’implique la possibilité même d’un usage illimité de liberté, mais il dit dans le même temps : pouvez-vous assumer le caractère odieux d’une telle liberté, d’une liberté sans Dieu ou à la place de Dieu ? Pouvez-vous assumer la liberté d’un Raskolnikov, d’un Kirilov, d’un Stavroguine ? Le premier prend le chemin de la rédemption, le deuxième se suicide pour montrer qu’il est Dieu lui-même, le troisième qui croyait pouvoir faire évoluer sa conscience dans un espace amoral finit par se pendre, rattrapé par son terrible péché : le viol d’une fillette. L’acte suprême du nihilisme, l’outrage infligé à l’enfant (le plus innocent des innocents), révèle la faillite même du nihilisme. Le nihilisme est impossible pour l’homme. Il prétend que « Si Dieu n’existe pas, tout est permis » or Dieu existe bel et bien en tant qu’il est la condition de possibilité de la liberté même. Pierre Boutang ne dit pas autre chose lorsqu’il écrit dans un article intitulé « Stavroguine » :  « De telle sorte que, lorsque Stavroguine veut expliquer, en sa confession, l’effet du suicide de Matriocha sur son existence, il ne peut retenir son propre jugement à l’intérieur de l’éthique ; malgré son désir de la Croix sans foi en la Croix, il ne parvient pas à être chrétien, à concevoir le mal et la honte de son crime ; non, dans cette fragmentation du temps intérieur, il oscille entre une idée presque sociale, extrêmement basse et diabolique, de l’acte comme ridicule, et une vue métaphysique, au-delà de l’éthique, mais qui ne peut que conduire à la folie et à la mort. » Pour Dostoïevski toute tentative d’évoluer par delà bien et mal est vouée à l’échec. Et c’est aussi le cas de la littérature. Voilà pourquoi, comme le souligne André Markowicz, sa conception de la littérature n’est pas esthétique mais bien éthique (ou plutôt, contrairement aux tenants de l’art pour l’art, elle identifie l’éthique et l’esthétique). L’œuvre de Dostoïevski ne peut donc se consommer comme un divertissement. Son but n’est pas de nous faire plaisir. Elle est fondamentalement une mise en accusation du monde et un révélateur de la réalité profonde de l’existence. Dans sa quête de vérité, qui est synonyme de quête de Dieu, Dostoïevski nous dit ce qu’est l’homme. Et avec lui nous comprenons : c’est par la littérature que nous accédons à l’intériorité radicale de la vie, c’est-à-dire à la personne du Christ qui est la seule beauté.

Pour lire l’article en anglais : https://www.thepostil.com/dostoyevsky-the-taste-for-literature-and-the-taste-for-life/

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