Archéologie du désintéressement : entre altruisme et égoïsme (2/2)
Le désintéressement refait surface à travers la mosaïque des idées romantiques – qui, pour une part, ont irrigué le patriotisme post-révolutionnaire – avant sa neutralisation, sous une forme renouvelée, par Nietzsche. Julien Benda tentera ensuite de retrouver la noblesse de l’activité désintéressée, cette fois purifiée par une vue humaniste. L’inflexion romantique se cristallise d’abord autour de l’enthousiasme…
Archéologie du désintéressement : entre altruisme et égoïsme (1/2)
Le désintéressement, notion usitée pour qualifier, à la fois, une disposition à agir d’un certain genre et l’acte qui en résulte, roule sur un mélange inextricable d’hésitations et de confusions. Une brume difficile à dissiper en raison de la (trop) grande plasticité du mot « intérêt » qui peut désigner l’utile ou, plus généralement, ce qui est…
Nicolas Briand : « Pour F. G. Jünger, nous ne vivons pas l’avènement d’homo deus mais d’homo titanus »
Nicolas Briand est germaniste et traducteur. Il a traduit et préfacé La perfection de la technique de Friedrich Georg Jünger, le frère de Ernst Jünger, qui vient de paraître aux éditions Allia. Cette traduction inédite en français nous permet de découvrir un texte philosophique de première importance et d’une parfaite actualité. Auparavant, Nicolas Briand avait déjà…
Henri Pirenne : le rôle de l’expansion islamique dans la naissance de l’Europe
« Sans l’islam, l’Empire franc n’aurait sans doute jamais existé, et Charlemagne sans Mahomet serait inconcevable. » Telle est la thèse du grand médiéviste belge Henri Pirenne, qu’il exposa dans son ouvrage Mahomet et Charlemagne, paru après sa mort en 1937. Elle éclaire d’un nouvel œil les origines du Moyen Âge, et bouscule le paradigme européiste…
L’Adolescent de Dostoïevski : la passion contre le juste milieu ?
Avant dernier roman de Fiodor Dostoïevski, L’Adolescent reste une œuvre largement méconnue. Ces Souvenirs d’un jeune homme, pour employer le sous-titre de l’édition originale, n’en réunissent pas moins nombre de thèmes chers à l’écrivain russe. La culpabilité, la rédemption, les rivalités amoureuses, la mort, le suicide, le jeu, les mouvements révolutionnaires ou la figure du…
Emile Ratelband ou l’âge de déraison
Forte de l’exemple de son Grand Timonier, l’admirable Arnaud Gauthier-Fawas, l’Amicale des Cartésiens Déments recrute en ce moment à tour de bras. Sa dernière vedette ? Un honorable Néerlandais que l’odieux État civil, secondé par la non moins réactionnaire Nature, croit pouvoir assigner à ses 69 ans, quand il estime en avoir vingt de moins. Encore…
Apollinaire : poète de l’imperfection et de l’éternité
Décédé des suites de la grippe espagnole en 1918, Guillaume Apollinaire, de Kostrowitzky de son vrai nom, a été déclaré « mort pour la France ». Et pourtant, s’il trône en bonne place au panthéon des poètes de notre nation, sa poésie, dans laquelle résonnent l’obsession du temps et le souci de vivre, le place à part….
Quand Chesterton tire le moderne de son sommeil dogmatique
Philosophe parmi les poètes, poète parmi les philosophes, Chesterton n’a jamais failli à sa réputation de « prince du paradoxe ». Ses Petites choses formidables, célèbre recueil de nouvelles édité pour la première fois en français par Desclée de Brouwer, ne font pas exception : loin de réduire sa pensée à quelques réflexions basses, il offre à voir le…
Georges Florovsky : la voie byzantine
Georges Florovsky est l’un des plus grands historiens issus de la diaspora russe post-révolutionnaire. Il a consacré une partie importante de ses efforts intellectuels à tenter de comprendre les racines spirituelles de la révolution bolchévique, car « la révolution russe fut une catastrophe spirituelle, une disparition de l’âme, un embrasement des passions rebelles, et c’est pourquoi…
L’argent, obsession du siècle de Balzac
[Cet article est initialement paru dans PHILITT #6] Si Zola écrivit que son œuvre « eût été impossible avant 89 », c’est que jamais l’argent ne fit autant régner sa loi qu’au XIXe siècle. Dans ce nouveau monde de banquiers, d’usuriers et de parvenus, il devient un objet littéraire capital, mais soumet aussi les écrivains…