Le Dieu noir de Marie Noël

Poétesse bien connue de son vivant, auteure également de contes, de souvenirs et de textes philosophiques, saluée par ses contemporains et cependant quelque peu oubliée ces dernières décennies, Marie Noël connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, marqué notamment par l’ouverture en 2017 de son procès en béatification. Parfois réduite à une réputation de chansonnière pour catéchisme, son œuvre révèle pourtant la véritable profondeur spirituelle d’une chrétienne hantée par le mystère du Mal, perpétuellement déchirée entre son amour de Dieu et ses amours humaines.

La fauvette d’Auxerre

Marie Rouget, de son vrai nom, naquit à Auxerre le 16 février 1883, ville où elle vécut toute sa vie, sans pratiquement en sortir, jusqu’à sa mort le 23 décembre 1967. Son existence, en apparence, fut des plus calmes : elle s’occupait de ses parents, de ses frères et de leurs enfants, gérait les propriétés familiales, aidait à la paroisse et rendait visite aux pauvres. On la voit encore, avec son petit chapeau, ou son béret, sa canne, son sac à main et son foulard bleu, communiant à l’église quotidiennement, allant cueillir des fleurs dans les prés au printemps, ou au coin du poêle dans sa chambre en hiver – la caricature d’une vieille fille bigote de province. Mais les apparences sont trompeuses. Il faut se méfier de l’eau qui dort. Dans cette sorte de journal spirituel que constituent ses magnifiques Notes intimes, elle confie avoir dû « longuement, péniblement lécher, mater, briser sa bête originelle afin d’en faire ce qu’il fallait qu’elle fût pour la tranquillité d’autrui : un humble et patient animal domestique »[1].

Si elle aimait se comparer aux oiseaux – ce qui lui valut son surnom de « fauvette d’Auxerre » –, ce n’est pas uniquement de ce qu’elle partageait leur goût pour le chant[2], c’est qu’elle se sentait comme eux « vagabonde entre terre et ciel », « comme une chandelle vacillante entre deux mondes », tendant au Royaume qui n’est pas d’ici sans toutefois pouvoir s’arracher aux joies et aux peines de cette humble vie.

Les cœurs irrésolus que Dieu saint effraye
Vaguent loin du sol sans atteindre l’azur…[3]

Cette supposée béguine a souffert de « trop de folies à la fois, trop de vocations, trop de routes, l’amour humain, la poésie, la prière. […] Il eût fallu viser un seul but, choisir une seule voie : Dieu seul, et rejeter tout le reste ». Se cantonner à une seule voie, elle n’y parvint jamais, demeurant irrémédiablement « divisée contre elle-même ». Et c’est finalement heureux, puisqu’il « est petit celui qui ne s’est jamais perdu en soi-même comme dans un désert sans route ».

Entre deux amours

Toujours en proie au doute, l’unique certitude de Marie Noël fut l’amour. « Rien n’est perpétuel en moi, rien n’est constant hors l’Amour. » « Rien n’est vrai que d’aimer »[4]. Le problème étant, dès lors, de savoir quel amour privilégier. N’est-ce pas vanité, par exemple, que de se consacrer à la poésie au détriment des hommes et de Dieu ? Sa louange des beautés de la Création ne risque-t-elle pas de lui faire oublier le Créateur ? Son œuvre ne la détourne-t-elle pas de ses œuvres ?

Père, ceux à qui vous m’avez donné,
Pouvais-je en chantant les abandonner ?[5]

L’amour du prochain lui-même ne risque-t-il pas de concurrencer l’adoration que l’on doit à Dieu seul ? Car, n’en déplaise aux culs bénis qui ne voudraient y lire qu’une chaste dilection, l’amour que chante Marie Noël, qu’elle a tant attendu, tant espéré, et jamais trouvé, est un amour humain, en chair et en os. Incarné au point de dédaigner l’amour de Dieu qu’on voudrait lui donner en échange.

Vous aurez beau maintenant me faire entendre
À l’oreille les sept voix du Saint-Esprit,
Quel Verbe, si Dieu soit-il, pourra me rendre
Le mot d’amour que personne ne m’a dit ?
[…]
Je n’aurais voulu rien que savoir naguère
Comment deux cœurs fols ensemble n’en font qu’un.[6]

Marie Noël se fut réjouie de la canonisation de Louis et Zélie Martin, les parents de sa « camarade de paradis », Thérèse de Lisieux, qui lui a inspiré sa « petite voie de poésie ».

La poétesse entend revaloriser un amour humain qu’elle estime injustement déprécié dans la tradition chrétienne, étant généralement perçu comme inférieur à la vie consacrée. « Chez nous, chrétiens, fils de la Vierge, les splendeurs de la virginité ont effacé toutes les autres et fait presque disparaître du cortège éclatant de nos Saints couronnés, ceux dont je suis bien sûre pourtant qu’ils existent, les saints et saintes du mariage. » En un sens, l’amour humain est même supérieur à l’amour de Dieu, car l’on est assuré de ce dernier, tandis que le premier n’est jamais acquis. On peut perdre Dieu, non son amour, qu’Il conserve au pécheur le plus impénitent. En aimant l’homme, en revanche, on s’expose à être trahi, abandonné sans retour, à tout perdre en cette vie comme en l’autre, ce qui en fait, « de tous les amours, le plus désintéressé, le plus dépossédé de tout, le plus pauvre ».

Si Marie Noël était si sensible à l’amour déçu, c’est qu’elle en fut victime sans doute. Bien qu’elle demeurât très secrète sur cet épisode, il semblerait qu’à ses 21 ans, l’homme qu’elle aimait partît, sans s’apercevoir de ce qu’il représentait pour elle.

Je l’attendais, pâle et grise lavande,
Et tout mon cœur embaumait son chemin.
Il a passé… j’ai parfumé sa main,
Mais il n’a pas vu mes yeux pleins d’offrande.[7]

Toutefois, comme le souligne justement le fin connaisseur Henri Gouhier, l’attente continuellement exprimée dans son œuvre n’est probablement pas celle du bien-aimé disparu, mais celle du bien-aimé inconnu, dont le premier n’est qu’un symbole. Non pas le chagrin inconsolable du départ d’un être singulier, mais l’espoir perpétuellement brisé de trouver un cœur où épancher le sien, selon cette belle et paradoxale définition de l’amour comme d’une « source qui a soif », à la fois excès et manque, besoin de se donner et de s’abandonner.

Moi, je suis dans le bois
Qui ne sait, une Source,
Je suis l’Eau que ne boit
Personne dans sa course.[8]

Il serait faux, cependant, de croire que Marie Noël ne trouvât point l’amour. Car, même sans avoir intégré quelque ordre que ce soit, sans avoir prononcé le moindre vœu, sans avoir renoncé à rencontrer ici-bas son bien-aimé, elle était liée, peut-être malgré elle, au Christ[9]. Et Dieu sait si la relation conjugale fut douloureuse, combien grande fut la tentation du divorce, au sein de ce mariage que l’on pourrait presque qualifié de forcé. L’épouse n’eut-elle pas cet aveu terrible, d’autant plus térébrant qu’elle n’en restât pas moins fidèle : « Mon Dieu, je ne Vous aime pas, je ne le désire même pas, je m’ennuie avec Vous. » ?

C’est que l’époux était devenu méconnaissable, que Marie Noël avait perdu le bon Dieu de son enfance, le doux visage du Jésus qu’elle aimait. Elle dut traverser ce qui s’apparente à une nuit de la foi et qui ne se dissipera jamais vraiment. La mort de son petit frère Eugène en 1904, âgé de douze ans, puis l’expérience de la Première Guerre Mondiale, où elle aidait à soigner les blessés et vit périr tant de garçons qui eussent pu être son fils, lui ouvrirent une plaie que rien ne pourrait cicatriser. Elle fut irrémissiblement blessée par le tragique de l’existence, par le scandale du Mal, plongea dans une longue crise où elle faillit perdre la foi et dont elle ne sortit pas indemne. Car aucune Providence, aucune théodicée ne pouvait justifier l’injustifiable, ne pouvait réprimer le cri, le Hurlement d’une mère endeuillée dont elle a porté l’écho dans un de ses plus bouleversants poèmes :

Que me veut-on ? Que j’aille et prie
Quand vient le soir
Leur Dieu, leurs saints, et leur Marie
Pour te revoir ?
C’est contre eux tous que mon sang crie
De désespoir !
Ces loups du ciel, voleurs de vie ![10]

L’amour de Dieu non seulement n’est pas supérieur à celui des hommes, ni ne console de ses souffrances, mais il est mis en accusation par lui. Loin d’être un refuge pour femmes éconduites et esseulées, un commode pis-aller, il peut s’avérer le plus redoutable des bourreaux. « J’aurai enduré plus de mal pour Lui que toutes les filles et femmes pour tous les amants et maris du monde. […] L’heure terrible où Dieu n’est pas vrai et où je continue à l’aimer quand même. »

Le combat de Dieu contre Dieu

La contradiction que Marie Noël ne peut cesser d’éprouver en son for intérieur vient finalement de celle qu’elle perçoit en Dieu lui-même, entre le Dieu-Homme et celui qu’elle appelle le « Dieu noir ». Entre le visage compatissant du Fils et les décrets incompréhensibles du Père dont la face nous est cachée. Discordance qui ne se limite pas à la simple existence du Mal, mais, et c’est là que le mystère – « le seul où Dieu ne nous donne pas à croire, mais à penser » – devient proprement scandaleux, et que la réflexion de Marie Noël se montre la plus originale, discordance et déchirement qui tiennent au fait que Dieu exige ce Mal, non seulement le permet mais le commande. Là où la théologie traditionnelle impute le Mal au seul péché de l’homme, rendu possible par la liberté que Dieu lui accorde sans qu’il ne soit responsable de l’usage qu’en fait sa créature, la poétesse soutient l’existence d’un Mal antérieur à la faute originelle, antérieur au Malin lui-même :

Le Mal d’avant l’Homme, qui l’Homme
A fait choir ;
Le Mal déjà mûr en la pomme
Belle à voir[11]

Ce Mal, d’où vient-il ? De l’unique loi inscrite dans notre nature, qui nous ordonne de manger, et, pour manger, de tuer. L’idée est développée, en prose dans les Notes intimes, en vers dans un long poème intitulé Adam et Ève.

Toi qui m’as fait, Dieu, si je dois,
Innocent, ne jamais mourir,
Ah ! Pourquoi donc as-Tu, pourquoi,
Chargé la Mort de me nourrir ?[12]

L’abbé Mugnier, confesseur du tout-Paris voué au culte des âmes et des lettres, aida Marie Noël à publier son œuvre, et surtout à apaiser son âme

En dépit de tout l’amour que l’auteure avait pour les bêtes, nulle question ici de végétarisme. Il s’agit du constat que tout être vivant se nourrit d’autres êtres vivants, ne peut survivre qu’à leur dépend, ne peut croître qu’en les dévorant. Il existe une violence intrinsèque à la vie. La mort est dans la vie non comme sa fin mais comme son principe. La Création est « toute construite sur la nécessité pour chaque créature de détruire l’autre ». Les agressions humaines ne sont pas contre-natures, elles sont le prolongement de leur nature. « Où sont deux hommes, deux chairs, sont deux faims. Et la guerre. »

Mange ! Mange ! Et viennent le mal,
Et la bataille, et la clameur
Du sang offensé ! Mange ou meurs.
Herbe, mange ! Mange, animal !…

Cette conception d’un Mal consubstantiel à la vie en viendrait presque à exonérer le pécheur. C’est plus ou moins la conclusion de sa pièce – plus précisément de son mystère – Le jugement de Don Juan, où le célèbre libertin n’est plus un rebelle orgueilleux mais une victime de ses passions, qui « ne pouvait faire autrement », et qui sera finalement pardonné. Son seul tort était de ne pas avoir mieux aimé, « il n’y a pas d’autre faute que de manquer d’amour »[13].

L’aigle et le rossignol

Ce qui sauve du Mal inhérent à notre nature, par conséquent, c’est l’amour, qui est « une désobéissance à la loi du Créateur », car il refuse de tuer, de manger son prochain, au péril de sa propre vie. Et car il va même jusqu’à se donner à manger, telle une mère donnant le sein à son enfant. Tel, surtout, que le Christ, livré pour nous sur la Croix, et se donnant encore à manger dans l’Eucharistie. « Mange – Aime », ce sont deux lois, donc, qui s’opposent, et deux Dieux, qui mystérieusement n’en sont qu’Un. « Bien et Mal ensemble », union qui dépasse la raison et révolte le cœur.

En Vous, Seigneur, le Mal est Bien.
(…)
Vous êtes Dieu, Vous êtes bon…
Vous l’êtes… mais mon sang dit : non ![14]

C’est incompréhensible, insupportable, mais il faut se résigner.

Ô Vous par qui la vie est peine
Et mal, et mort, je crois très bas
À la Bonté haute, inhumaine,
Terrible, qu’on ne comprend pas.

Car Marie Noël, même au plus noir de la nuit, au fond de ses crises les plus aigües, quand elle ne parvenait plus du tout à reconnaître son Dieu dans les Ténèbres, lui demeurait fidèle, absurdement fidèle. En dépit des tourments, elle ne rompit point leurs épousailles. Ainsi qu’elle le confie à l’abbé Mugnier, elle consent à Sa volonté « pour l’amour d’une loi qui me brise », « résignée, soumise comme un grain de poussière las, inerte, écrasé, et je dis “oui !” à tout sans prendre même la peine d’avoir de l’espoir »[15]. En elle, l’horreur du Mal et l’amour du Christ se sont livrés une bataille féroce, jusqu’à ce que, à force d’humilité, d’obéissance, de persévérance, en faisant violence à sa raison, en saignant son cœur, le second l’emporte. C’est ce combat intérieur qu’elle retrace dans son long poème Jugement, dont l’écriture fut laborieuse et éprouvante, et qui constitue véritablement une sorte de confession.

Je ne sais rien de moi, sauf en moi la bataille
De deux oiseaux, l’un vaste et de farouche vol,
Dont les ailes, la nuit, renversent les murailles,
Et l’autre tout petit, à peine un rossignol.
[…]
Je ne sais rien de moi que, très dure, l’histoire
De l’aigle que défit ce roitelet vainqueur…
Je ne sais rien de Toi, Père, que la victoire
Que Toi-même à la longue a gagnée en mon cœur.

Au terme de cette lutte, elle semble avoir trouvé une forme de paix. À quel prix a-t-elle été gagnée ! Cette quiétude n’a rien d’une fatigue ou d’un sommeil, « la Paix de l’âme est une rude guerre. […] La Paix est victoire. Combien rare ! » Elle a conquis par la force sa faiblesse, ou plutôt elle a, par la patience – cette « vertu des ânes et des chrétiens » – laissé Dieu la broyer et la pétrir jusqu’à en faire un morceau de Lui-même, une pauvre et fragile Hostie. « L’histoire de mon âme, c’est l’histoire du blé », d’abord fleur, puis grain, et « me voici pain pétri, cuit, mordu, mâché, détruit […] Votre pain comme Vous êtes le mien ».

Soyons ce pain ravi qui n’est que pour sa perte
Fait de Dieu.
Ce pain rompu, broyé par toute bouche ouverte
Et joyeux ![16]

« Dans la chanson, je me suis à la fois toute livrée et toute cachée »…

Joyeux, oui. La paix, au bout du chemin, est joyeuse. On ne sait si Marie a fini par retrouver le petit Jésus de son enfance, celui qui lui avait écrit une lettre d’amour à Noël[17] – souvenir si heureux qu’elle en fit son nom de poète –, qu’elle avait épousé avec passion, et qu’elle n’avait jamais cessé d’aimer malgré le « Dieu noir » qui le lui avait ôté. Il suffit en tout cas de voir, sur ce visage de vieillarde, son sourire espiègle et ses yeux pétillants de malice, pour y lire la joie lumineuse d’une enfance recouvrée. Pour y lire, aussi, le mystère inépuisable d’une âme qui se révèle dans ses écrits en même temps qu’elle s’y dissimule, comme le Christ demeure caché dans l’hostie où il se livre. Secret insaisissable, si ce n’est par l’amour, si l’on en croit son beau poème de jeunesse, où toute sa vie est annoncée, Connais-moi :

Et quand passera mon âme
Devant ton âme un moment
Éclairée à la grand-flamme
Du suprême jugement,
Et quand Dieu comme un poème
La lira toute aux élus,
Tu ne sauras pas lors même
Ce qu’en ce monde je fus…
……………………………………………………………………..
Tu le sauras si rien qu’un seul instant tu m’aimes ![18]

Notes

[1]Notes intimes, livre assez inclassable publié en 1959, recueil de souvenirs, de lettres, de méditations poétiques, philosophiques ou théologiques. Sauf mention contraire, les citations ultérieures seront issues de cet ouvrage.

[2]Marie Noël avait reçu une sérieuse éducation musicale, qu’elle a mise en pratique tout sa vie. La musique est centrale dans son œuvre poétique, de par son attention aux rythmes et aux sonorités, son utilisation de refrains ou de répétitions, son alternance fréquente entre vers courts et vers longs, etc. Elle a composé elle-même l’accompagnement de certains de ses poèmes, et ce n’est pas pour rien que la plupart de ses livres sont présentés comme des recueils de « chants ». Elle puisait son inspiration dans les chansons populaires apprises de sa grand-mère, ou chez les troubadours du Moyen-Âge, bien plus que dans la poésie contemporaine. Elle est indéniablement, selon l’expression de l’abbé Mugnier, son conseiller spirituel, une « fille de Villon ».

[3]Un oiseau…, in Les Chants de la Merci. On remarquera l’emploi, inhabituel dans la poésie française mais assez fréquent chez Noël, de l’hendécasyllabe (onze pieds). Elle le justifia elle-même par le besoin qu’elle éprouvait, pour exprimer son angoisse, de rompre l’équilibre trop assuré de l’alexandrin, sans pour autant abandonner toute métrique (malgré la mode surréaliste du vers libre), car elle demeurait respectueuse de l’ordre, ne se considérait révoltée « ni en religion, ni en art ». Il lui fallait donc « des alexandrins qui perdaient pied ».

[4]À Tierce, in Les Chansons et les Heures

[5]Les enfants au Temple, in Le Rosaire des joies

[6]Prières d’avant la vie, de pendant et d’après, in Chants et psaumes d’automne (probablement le plus sombre de ses recueils, imprimé en 1947 mais contenant des poèmes écrits longtemps auparavant, qu’elle avait craint de publier).

[7]Chanson, in Les Chansons et les Heures

[8]Source, in Chants d’arrière-saison

[9]À ses douze ans, passant par hasard du côté de la Cathédrale, une irrésistible envie lui prit de courir vers l’autel et de « réclamer à Jésus l’anneau de mariage ». Fiançailles qu’elle put regretter, mais qui possiblement furent la cause de ses échecs amoureux, tant le Seigneur peut se montrer jaloux. « J’ai eu si grand besoin parfois d’endormir mon front un instant sur une épaule vivante ! Mais je ne l’aurai jamais appuyé qu’à la pierre de l’autel et Dieu m’a tenue malgré moi mariée à Lui, le doigt serré dans ce dur anneau de solitude qui fait si mal. »

[10]Hurlement, in Chants et psaumes d’automne

[11]Tourmente, in ibid.

[12]Adam et Ève, in Les Chants de la Merci

[13]Le jugement de Don Juan

[14]Office pour l’enfant mort, in Chants et psaumes d’automne

[15]J’ai bien souvent de la peine avec Dieu, Correspondance

[16]Adam et Ève

[17]Une « petite lettre rose aux mots dorés » où était inscrit « Pour Marie, Jésus qui t’aime », confie-t-elle dans son recueil de souvenirs Petit-Jour.

[18]Connais-moi, in Les Chansons et les Heures