Jacques Sapir : « En 1917, la bourgeoisie russe est faible et incapable de s’affirmer » (1/2)

Économiste et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Jacques Sapir est un spécialiste de la Russie contemporaine. Il est également l’auteur de l’influent blog RussEurope. À l’occasion du centenaire de la Révolution russe d’octobre 1917, il a accordé à PHILITT un entretien en deux parties sur les ressorts économiques et politiques d’un événement aux conséquences encore vives aujourd’hui et dont l’analyse fait encore débat.

PHILITT : On imagine souvent la Russie pré-révolutionnaire comme économiquement archaïque, notamment comparée aux États d’Europe occidentale à la même période. Est-ce réellement le cas ?

Paysans russes, vers 1910

Jacques Sapir : En réalité, le modèle de développement mis en œuvre en Russie de 1880 à 19141 a abouti à une forte croissance. Cette dernière a permis à la Russie d’avoir un PIB égal à celui de la France en 1913, et un PIB largement supérieur à celui de l’Empire austro-hongrois2. Dans la décomposition du revenu national, on constate cependant que l’agriculture représente 51%, l’industrie 21%, la construction 17%, les transports 6% et le commerce 5%. Par ailleurs, l’autoconsommation reste importante, ce qui tend à minorer les chiffres qui ne mesurent que ce qui est vendu3.

L’importance relative du développement des activités industrielles est ici à remarquer. Il y avait environ 700 000 ouvriers dans les années 1860 ; ils seront plus de 1,4 million en 1890 et près de 3 millions en 1913. L’usine Poutilov de Saint-Pétersbourg emploie ainsi plus de 15 000 travailleurs sur un même site4. Mais, à l’autre extrémité de l’échelle, on compte aussi de nombreuses entreprises de moins de 50 ouvriers, sans oublier les travailleurs semi-artisans, qui travaillent en sous-traitants pour des entreprises « donneuses d’ordres », les Koustarii. Une des caractéristiques de ce modèle de développement est d’avoir poussé les antagonismes aux extrêmes.

Ce modèle de croissance est, en un sens, l’œuvre des ministres des finances qui se sont succédé depuis la fin du XIXe siècle, de Mendeleïev à Witte. Ces ministres ont développé une stratégie économique pour la Russie qui s’est appuyée sur un fort protectionnisme (depuis le tarif Mendeleïev de 1891) mais qui a été rationalisée et étendue par Sergueï Witte5. Celui-ci, s’appuyant sur la nationalisation des chemins de fers russes, avait notamment mis en place des tarifs différenciés suivant que les marchandises allaient d’est en ouest (exportations) ou d’ouest en est (importations), cas dans lequel le coût kilométrique payé pour le fret était le double. Il avait aussi convaincu le tsar d’adopter le rouble-or et le taux de change avait été fixé assez bas afin d’attirer les investissements étrangers en Russie. Cette politique a donné des résultats remarquables en matière de croissance et a aussi conduit à une hausse significative de l’investissement net, qui représente 13,5% du produit national net au début du XXe siècle. Mais, il convient de remarquer que ce modèle était marqué par une forte emprise de l’État sur l’activité économique6, soit directement à travers l’action des entreprises publiques et le budget de la défense7, soit indirectement par le biais de la politique monétaire8 et fiscale9.

Cette forte croissance suffit-elle alors à placer l’économie russe au rang des économies modernes ? Quelles sont ses limites ?

Ce modèle économique, caractérisé par une croissance très forte à partir de 1885, fonctionnera plutôt bien jusqu’à la guerre russo-japonaise de 1904-190510. Cette croissance a cependant recouvert un certain nombre de déséquilibres et elle s’est largement faite au détriment du monde rural, sur lequel pesa un poids fiscal considérable11. L’abolition du servage12 a entraîné l’émergence d’une pénurie de terres aux mains des paysans désormais « libres »13. Les terres restent largement entre les mains de la noblesse et du clergé, voire – dans un certain nombre de cas – d’entrepreneurs agraires qui peuvent obtenir des financements bancaires et qui sont souvent liés à des entreprises étrangères d’exportation des grains. L’ancestrale commune rurale cependant se réinventera durant ces années14, mais l’extrême pauvreté d’une masse de paysans perdurera15.

Il faut alors souligner un point important : le système bancaire fut toujours en deçà des besoins de financement du développement industriel, en partie en raison du niveau de l’épargne, mais aussi en partie du fait de l’instabilité intrinsèque d’un secteur où l’on rencontrait des banques de nature très différente16. Cette insuffisance du système financier par rapport aux besoins du développement est l’une des raisons qui expliquent le rôle important pris par l’État dans le modèle de développement économique. La combinaison d’importantes banques de dépôts, avec une structure de société par actions et souvent reliées à de grands établissements bancaires étrangers, et de petites banques qui sont souvent l’émanation d’entreprises industrielles auxquelles elles apportent par ailleurs un financement, n’a pas contribué à la stabilité du système bancaire. Cette instabilité a rendu le rôle de la Banque centrale, soit directement soit indirectement, crucial pour le fonctionnement du crédit17. La Banque centrale resta la principale source de refinancement des banques privées, même si les instruments varièrent dans le temps.

Par ailleurs, on doit souligner la grande dépendance du système bancaire dans son ensemble par rapport aux opérations financières pilotées par l’État. Qu’il s’agisse du placement d’emprunts ou de la gestion de prêts bonifiés issus de la banque d’investissement émanant de la Banque centrale, on est en présence d’un poids dominant de circuits de financement contrôlés par l’État. Dans ces conditions, parler d’une autonomie de l’entreprise bancaire face à la puissance publique est difficile. S’il est incontestable que quelques grandes banques, en particulier celles liées aux établissements français, allemands et belges et par qui transitaient le placement hors de Russie des grands emprunts, ont pu discuter d’égal à égal tant avec la Banque centrale qu’avec le ministère des Finances, ceci n’est pas généralisable aux autres banques. Par ailleurs, la circulation du personnel de direction entre des postes dans l’administration et des fonctions dans ces grands établissements bancaires, les liens de parenté directs et indirects, les mariages aussi, ont largement contribué à une collusion entre l’État et le secteur privé dans ce domaine.

Le Jeu de préférence, Victor Vasnetsov, 1879

Dans quelle mesure peut-on alors parler de la création progressive de deux mondes distincts, voire antagonistes ?

On peut nettement distinguer dans les premières années du XXe siècle une géographie particulière du développement de la Russie, géographie qui prend, par la force des choses, une dimension très politique. Ainsi, on peut constater une opposition croissante entre des grandes entreprises, qui sont situées en Ukraine et dans le bassin qui va de la Pologne à Saint-Pétersbourg et qui sont souvent liées aux capitaux étrangers et tributaires de l’aide de l’État, et des entreprises moyennes et petites situées dans la région de Moscou, la région des Terres-Noires et sur le cours supérieur de la Volga. Les propriétaires de ces dernières sont, à partir de 1904-1905, c’est-à-dire de la guerre russo-japonaise, en conflit ouvert avec le pouvoir. Ils le sont tant pour des raisons économiques, en particulier l’accaparement des moyens publics par les grandes entreprises dont les responsables sont intégrés à l’élite politique impériale, que politiques18.

Par ailleurs, il convient de signaler le poids des communautés religieuses, et en particulier celle des « vieux-croyants »19 ou la communauté juive, dans le développement de ce que l’on peut appeler le « second capitalisme » russe. Ce poids est en effet considérable dans le développement de ce capitalisme autochtone. L’opposition entre les deux groupes tourna au conflit ouvert, dans les années qui précédèrent immédiatement le premier conflit mondial. Ceci traduit un second déséquilibre : le fait que la croissance économique n’arrive pas à trouver des facteurs endogènes d’alimentation. Pour spectaculaire qu’ait été la croissance de 1885 à 1905, elle n’a pas induit un processus où l’enrichissement de certains groupes sociaux permettrait de fournir à l’économie son propre aliment. À l’exception de la pression fiscale, qui pèse lourdement sur la paysannerie, les relations monétaires et marchandes mordent peu sur le monde rural20 qui, et c’est une différence notable avec le schéma de développement de l’Europe occidentale au XIXe siècle, reste assez largement à l’écart de l’ensemble de la logique de développement, même s’il en subit de manière évidente les contrecoups. La croissance reste portée soit par l’exportation (pour les matières premières agricoles comme les grains mais aussi le beurre) soit par les dépenses publiques. On voit donc se constituer une économie à deux secteurs, relativement séparés, un modèle qui se reconstituera, quoique sous une forme un peu différente, à partir de la collectivisation en URSS.

On constate alors deux choses évidentes mais qui sont elles-mêmes contradictoires. La première est que le mode de production capitaliste s’était bien répandu en Russie dès avant la Révolution, et ceci date même d’avant l’abolition du servage, même si celle-ci a certainement entraîné une accélération dans le développement du capitalisme. Ce développement du capitalisme se fait en « peau de léopard », avec des divergences régionales très fortes, avec des régions qui restent largement à l’écart de cette logique de développement, ou qui ne la subissent que de manière indirecte et d’autres, comme le bassin industriel qui va de la Pologne (alors russe) aux environs de Saint-Pétersbourg où se développent des formes très modernes de capitalisme. La seconde est que le modèle de développement diverge de celui des pays d’Europe occidentale.

En quoi ce modèle de développement se distingue-t-il de ceux des États occidentaux ?

Le capitalisme reste en Russie indissolublement lié à l’État tsariste, non seulement pour des raisons politiques mais aussi pour des raisons essentiellement économiques. L’autonomie du développement économique par rapport à la sphère politique, qui fut en Europe occidentale et aux États-Unis une caractéristique du développement du capitalisme, reste donc très limitée et partielle en Russie. De même, comme on l’a déjà dit, le modèle de développement n’arrive pas à trouver ses sources spontanées d’alimentation. Cela explique le caractère très contradictoire de la sphère financière qui se développe suivant deux logiques distinctes.

Dès lors, on peut avancer l’hypothèse que le mode de développement de l’économie russe, de 1880 à 1914, s’il a donné lieu à une forte croissance, a aussi abouti à l’existence d’une scission de l’économie en deux, avec un secteur extrêmement moderne, financé largement par des crédits internationaux ou des prêts de la banque d’État, et alimentant largement la demande de l’État (les dépenses militaires entre autres mais aussi le développement des voies ferrées) ou les exportations, et un secteur nettement moins moderne, subissant la pression de l’État et alimentant la consommation nationale. Cette hypothèse signifierait que le dualisme de l’économie soviétique, repéré à partir des plans quinquennaux et opposant l’industrie lourde aux industries de consommation et à l’agriculture, ne serait pas le résultat du « modèle soviétique » mais serait en fait la continuité de cette scission de l’économie issue des stratégies de développement mises en place par Vyshnegradky et Witte21. En ce cas, il faut considérer que la stratégie de développement adoptée à partir des années 1880 a été un succès mais a conduit aussi à une situation de « verrouillage » sur une trajectoire de développement divergente de celle des pays de l’Europe occidentale.

L’existence de ces logiques contradictoires dans le développement économique a sa traduction au niveau politique. Non seulement la « bourgeoisie » russe est faible, incapable de s’affirmer comme classe dominante, mais elle est aussi très largement divisée. Une partie de la bourgeoisie russe cherche en réalité à rejoindre l’aristocratie et la bureaucratie tsariste par des stratégies d’alliance matrimoniales très largement ; une autre est ouvertement en conflit avec le pouvoir tsariste, dont elle conteste la capacité à mener le développement économique de la Russie, et rechercha, dès les années 1912-1913, à passer une alliance avec les forces contestataires, qu’il s’agisse du mouvement social-démocrate (les Mencheviks et les Bolcheviks) ou qu’il s’agisse des héritiers du populisme russe (les Socio-Révolutionnaires)22.

Les Glaneurs de charbon, Nikolaï Kassatkine, 1894

La guerre de 1914 confronte les économies européennes à un défi d’envergure : certaines productions industrielles doivent être intensifiées pour soutenir l’effort de guerre. Comment l’économie russe réagit-elle à ce choc ?

La guerre provoque chez l’ensemble des pays impliqués une crise économique grave, résultant des caractéristiques mêmes de la guerre moderne et de la « révolution » dans les affaires militaires. Cela conduit notamment à une consommation de munitions absolument extraordinaire, qui finit par créer une pénurie qui prend de court tous les belligérants, provoquant un quasi-arrêt des combats de décembre 1914 à février 1915. En réaction, l’Allemagne crée un comité aux approvisionnements (le KRA), qui introduit une forme d’économie planifiée. En France, la même logique de mobilisation industrielle donnera naissance au courant dit « planiste » en France après la guerre.

La Russie va connaître un phénomène à la fois similaire23 et très différent. Comme pour l’ensemble des belligérants, les dirigeants russes sont confrontés à une situation dans laquelle une brutale restructuration de l’économie s’impose afin d’obtenir l’augmentation rapide de certaines productions. Or, et c’est ici une différence majeure avec les expériences de mobilisation industrielle réalisées en Allemagne, au Royaume-Uni ou en France, cette restructuration se fera largement contre le gouvernement, ou du moins dans un esprit de séparation et non de coordination, et dans un climat de quasi-insurrection des petits et moyens entrepreneurs contre la haute administration tsariste24. On retrouve là un effet direct de ce procès en incompétence qu’instruisaient les responsables de l’Association pour l’industrie et le commerce depuis les années 1907-191025.

Or, cette situation a eu des conséquences importantes. Elle a jeté les bases d’un état que l’on pourrait qualifier de « double pouvoir », qui connaîtra son point fort à la fin de 1916 et en 1917. Les différentes institutions mises sur pied par l’Association de l’industrie et du commerce avaient certes besoin pour fonctionner des commandes de l’État tsariste, mais elles considéraient qu’elles étaient mieux placées que les fonctionnaires de l’État pour administrer cette manne financière. Une situation analogue existait en France et au Royaume-Uni, mais elle se traduisit par une coopération, plus ou moins harmonieuse, entre les industriels et le pouvoir politico-administratif, car le pouvoir politique y était légitime. En Russie, au contraire, s’il y a une coopération de fait, elle se produit dans un climat de méfiance, de suspicion, de conflit. On perçoit rapidement que l’État tsariste a perdu sa légitimité à imposer les formes qu’il souhaiterait d’organisation de l’industrie, même si il en possède incontestablement une partie des moyens. La corruption endémique régnant dans l’administration centrale, l’incompétence aussi de très nombreux hauts responsables qui ne devaient leurs postes qu’à une courtisanerie effrénée, l’incompétence de l’état-major, qui se traduit par des défaites retentissantes, expliquent largement cette délégitimation de l’État tsariste dans la mise en place de la mobilisation économique et industrielle.

Dès lors, la constitution des Comités militaro-industriels ou VPK, comités locaux organisant concrètement production et répartition des ressources rares, est l’occasion pour les représentants du capitalisme autochtone, rassemblés autour du groupe moscovite de l’Association de l’industrie et du commerce, de tenter une alliance à la fois avec l’intelligentsia technique et avec les travailleurs25. La tentative de mettre en place des « Comités de travailleurs » va d’ailleurs aboutir à un conflit ouvert avec l’administration tsariste qui menacera d’arrêter les principaux dirigeants des VPK et d’interdire les organisations qu’ils dirigent26. Rappelons que la Russie avait connu, dans les années 1912-1914, une vague montante de grèves ouvrières, touchant l’ensemble des secteurs de l’industrie27. La « question ouvrière » comme on le dit à l’époque, est une question éminemment sensible politiquement. Les responsables des VPK vont, devant la menace de la répression, reculer, du moins en apparence, et renoncer aux « Comités de travailleurs » qui leur auraient permis de tenter de contrôler directement une bonne partie de la classe ouvrière. Mais, en secret, ils ouvriront des négociations avec les organisations politiques clandestines pour des formes de « cogestion » de la classe ouvrière.

Alors que le conflit entre l’administration tsariste et les VPK est à son comble, le réseau que constituent ces derniers va se doter rapidement de ses propres systèmes de financement, qui reposent à la fois sur la mobilisation des nombreuses petites banques locales et municipales et sur des relations d’échange non-monétaires. Ce réseau devient une alternative potentielle à la Banque centrale, qui dès lors n’a d’autre solution que de coopérer étroitement avec lui à partir de 1916. Les autorités politiques tsaristes ont été plus que méfiantes vis-à-vis de ce que représentait le mouvement des VPK, dont elles percevaient bien la charge politique contestataire. Cependant, dans certaines administrations, des responsables ont rapidement pris la mesure de l’efficacité de cette mobilisation industrielle.

Cette articulation entre la dimension locale et la dimension nationale favorisa l’émergence au sein des VPK d’une logique d’organisation par branches industrielles. Dès la seconde moitié de 1916 on voit apparaître une double structuration de l’économie russe, à la fois organisée sur une base territoriale et sur une base verticale. Aux structures financières locales, instituées par les VPK des provinces, viennent alors s’ajouter des structures financières spécialisées par branches ou par secteur d’activité. Celles-ci vont donner naissance à une tradition d’administration de l’économie sous une double base, territoriale et par branches industrielles, à travers la coordination progressive entre les ministères et les VPK28. Cette structuration sera reprise telle quelle après la Révolution d’octobre, et va perdurer pendant pratiquement la totalité de l’histoire de l’URSS29.

Notes : 

1. Pour une analyse de ce dernier, A. Gerschenkron, « Economic Backwardness in historical perspective », in A. Gerschenkron, Historical Backwardness in Historical Perspective – A book of essays, The Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1962.

2. Gregory P., Russian National Income, 1985-1913, Cambridge University Press, Cambridge, 1982,

3. Idem, p. 73.

4. Voir Marie J-J., Le Dimanche Rouge, Paris, Larousse, 2008

5. T.H. Von Laue, Sergeï Witte and the Industrialization of Russia, op.cit..

6. B.V. Anan’itch, « The economic policy of the tsarist government and enterprise in Russia from the end of the nineteenth century through the beginning of the twentieth century », in F.V. Cartensen (ed.), Entrepreneurship in the Imperial Russia and the Soviet Union, Princeton University Press, Princeton, 1983.

7. Stepanov, V. L., « Statist Industrialization and Economic Autarky » in Russian Studies in History. Vol. 47. No. 3, 2009.

8. O. Crisp, « Russian financial Policy and the Gold Standard at the end of the nineteenth century », in Economic History Review, vol. VI, n°2, 1953, décembre.

9. Ce qui conduit un opposant à la politique de S. Witte à parler de « socialisme d’État » ; voir E. Tsyon, Les finances russes et l’épargne française, Calmann-Levy, Paris, 1885.

10. P.I. Lyachtchenko, Istorija Narodnogo Hozjajstva SSSR, Gospolitizdat, Moscou, Vol.2, 1950. P.R. Gregory, Russian National Income 1885-1913, Cambridge University Press, Cambridge, 1985.

11. T.H. Von Laue, Sergeï Witte and the Industrialization of Russia, op. cit.

12. Montlibert de, C., (2014), L’émancipation des serfs de Russie – L’année 1861 dans la Russie impériale, Bruxelles, Académie Royale de Belgique ; Moon, D. (2001), The Abolition of Serfdom in Russia, Harlow, Pearson Education Limited.

13. Gorshkov, Boris B. (2006) « Serfs, Emancipation of » in Encyclopedia of Europe, 1789–1914. John Merriman and Jay Winter, eds. in chief, (2006), Encyclopedia of Europe, 1789–1914, New York, Charles Scribner’s Sons ; Mironov, B., (1996) « When and Why was the Russian Peasantry Emancipated? » in Bush M.L., (Ed.), (1996), Bush M.L., (Ed.), (1996) Serfdom and Slavery: Studies in Legal Bondage Ed. London, Longman, pp. 323–347

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